L’auteur, le philosophe et psychanalyste Daniel Strassberg, chroniqueur du journal Republik, critique la manière dont les institutions académiques et culturelles proclament haut et fort leur attachement à la diversité et à l’anticolonialisme, tout en reproduisant paradoxalement des logiques de domination.
Il distingue deux justifications à la préférence accordée aux People of Color (PoC) dans les recrutements universitaires :
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Par souci d’égalité des chances : le manque de réseaux
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La perspective différente : selon Strassberg, problématique, car elle relève d’une nouvelle forme de colonialisme masqué. Comme dans l’« Orientalisme » décrit par Edward Said, l’Occident projette fantasmes et idéalisations sur «l’Afrique», en parlant rarement des pays individuellement. On valorise un savoir « autre » supposé, mais souvent déjà formaté par les standards occidentaux.
Ainsi, un universitaire africain parvenu au niveau international doit avoir intégré les codes et idéologies du système académique occidental ; sa supposée « perspective africaine » est donc une illusion. Strassberg y voit une forme sophistiquée de Blackfacing intellectuel.
Dans les écoles d’art, la logique est poussée encore plus loin : sous couvert d’inclusion et de « lutte contre l’appropriation culturelle », elles imposent des normes pseudo-scientifiques et disciplinaires, réduisant la créativité. Selon lui, l’anticolonialisme institutionnel sert de camouflage à un processus de standardisation et de contrôle, analogue à un «colonialisme intérieur» qui force l’adaptation en prétendant libérer.
Plus largement, ce mécanisme rappelle le greenwashing ou certains discours d’entreprises sur l’égalité et la durabilité : plus les institutions affichent des valeurs progressistes, plus elles peuvent exercer en interne un pouvoir autoritaire.
En conclusion, Strassberg dénonce un paradoxe : derrière la rhétorique radicale de l’anticolonialisme se cache souvent un projet de domination et d’uniformisation, très proche des logiques qu’on prétend combattre.