Selon les Scénarios de l’évolution de la population de la Suisse et des cantons 2025-2055 de l’OFS, en 2045, plus de 60 pour cent des personnes auront suivi une formation tertiaire. Aujourd’hui, ils sont à peine 50 pour cent. Le SRF pose la question si cette évolution est positive pour la compétitivité de la Suisse ou si on assiste à une «académisation» qui pourrait finalement alimenter la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
Rudolf Minsch, économiste en chef de l’association faîtière Economiesuisse, voit les choses de manière différenciée. «D’une part, les exigences ont augmenté dans de nombreux domaines professionnels, de sorte qu’il devient difficile d’exercer certains emplois sans diplôme tertiaire», explique-t-il. D’autre part, il déplore le fait que les diplômes des hautes écoles augmentent plus fortement que ceux de la formation professionnelle supérieure : «Cela ne sert pas à grand-chose de former encore plus de diplômés en sciences humaines et d’artistes». Et les universités devraient moins orienter leur offre en fonction des souhaits des étudiants que des besoins de la société et de l’économie. «En conséquence, il ne faut pas lier le financement des universités au seul nombre d’étudiants.»
swissuniversities défend la pertinence des sciences humaines et sociales et ses diplômé·es, qui apportent «grâce à leur large profil de généralistes les meilleures conditions pour la flexibilité professionnelle exigée aujourd’hui». C’est d’autant plus important que de nombreuses professions d’avenir n’existent pas encore aujourd’hui. Par ailleurs, swissuniversities s’est prononcé contre l’introduction des titres «Professional Bachelor» et «Professional Master» pour valoriser la formation professionnelle supérieure car un tel emprunt à des expressions académiques serait «trompeur».
Stefan Wolter, économiste de l’éducation, explique que la croissance du nombre de diplômé·es du niveau tertiaire est majoritairement due aux hautes écoles spécialisées et à une part élevée de la formation professionnelle supérieure, qui, quant à elle, reste constante. Il constate par ailleurs une «tertiarisation» croissante de la formation des enseignant·es dans les hautes écoles pédagogiques, des profils qui sont actuellement très demandés sur le marché du travail. «L’offre et la demande sont donc en harmonie.»