Un étudiant en bachelor d’économie politique et histoire économique, président de Rethinking Economics Genève, demande dans les colonnes du Courrier si les «outils» enseignés à HEC Lausanne sont «réellement dénués de toute idéologie». Il plaide pour des facultés d’économie ouvertes à «une réflexion rigoureuse et profonde sur la diversité de la discipline».
Selon l’étudiant, les modèles de la croissance économique, du marché du travail, de l’offre et de la demande, «faisant office d’outils quantitatifs simples à intégrer» sont enseignés à HEC Lausanne «comme des représentations objectives et universelles de l’économie». Or, selon lui, «ces hypothèses ne sont pas neutres» et les considérer comme des «outils» sans les inscrire dans leur dimension idéologique reviendrait à les inscrire dans «une discipline qui serait quasiment descriptive de lois naturelles», alors que l’économie serait au contraire «une science sociale faite de débats, de courants de pensée et d’approches multiples qui font sa complexité et sa profondeur».
L’étudiant écrit ainsi: «Les modèles enseignés à HEC ne sont certes pas à jeter: ils font partie d’un lot d’instruments que doit posséder un·e économiste dans sa boîte à outils. Mais plutôt que les ériger en vérités dénuées d’empreinte idéologique, reconnaissons qu’ils ne forment qu’une partie d’un ensemble plus vaste d’approches, de perspectives et de théories qui façonnent la discipline économique. Enseignons-les aux côtés d’approches interdisciplinaires telles que l’histoire économique, la sociologie économique ou les méthodes qualitatives. Enseignons les perspectives de l’économie écologiste, institutionnaliste, féministe… avec une rigueur au moins équivalente à celle offerte à l’économie néoclassique.»