Dans une tribune d’invité, Stefan C. Wolter, professeur d’économie de l’éducation à l’Université de Bern, donne son point de vue sur le phénomène d’«académisation», «souvent dénoncée dans les médias». La tertiarisation du marché du travail est en premier lieu une conséquence de l’introduction de la maturité professionnelle, et ne doit pas être assimilée à une «académisation» de l’enseignement, argue-t-il.
Premièrement, il démontre que la croissance du taux global de maturité est presque entièrement due à l’introduction de la maturité professionnelle et, plus tard, dans une moindre mesure, à celle des maturités spécialisées. Il met en avant que la Suisse est probablement le seul pays de l’OCDE à s’être imposé dans le peloton de tête en matière [du nombre] de diplômés tertiaires sans avoir dû pour autant augmenter sensiblement le taux de maturités gymnasiales.
Il argue que sans l’introduction de la maturité professionnelle, la Suisse aurait assisté à une érosion de la formation professionnelle, car il aurait été impossible de convaincre les entreprises de continuer à proposer des places d’apprentissage dans des métiers exigeants si les talents s’étaient tous dirigés vers le gymnase.
Stefan Wolter estime que le choix d’entamer des études supérieures doit avoir des raisons économiques, en réaction au marché de travail «qui exige de plus en plus de formation, parce que la majorité des professions nécessitent des activités non routinières, pour lesquelles une formation plus longue est une condition nécessaire […].» Il conclut: «au lieu de déplorer une académisation inexistante, nous devrions être reconnaissants aux jeunes d’aujourd’hui de renoncer volontairement à des années de revenus. Car c’est grâce à ces investissements individuels que la compétitivité de notre pays sera encore élevée demain.»