4 Fév 2025
Les scientifiques débattent de la possibilité de fuir l’Amérique à cause de Trump – ou de risquer que leurs recherches soient censurées
«Ils utilisent la peur pour nous faire taire» : Deux scientifiques expert-es en changement climatiques expriment des stratégies différentes pour survivre au programme qualifié «anti-science» du président américain Donald Trump. Rose Abramoff, professeure assistante à l’Université de Maine, avait déjà constaté pendant la dernière présidence de Trump que les scientifiques s’autocensuraient. «C’est devenu une nécessité professionnelle. […] Nous, les chercheurs en général, faisions beaucoup d’obéissance anticipée».
Un fonctionnaire anonyme de l’agence pour la protection de l’environnement EPA, qui a demandé à rester anonyme, a fait l’expérience qu’une grande partie de leur travail a été «pratiquement bloquée» pendant les quatre années où Trump était au pouvoir. «Même si Trump, Musk, Kennedy et d’autres membres du camp MAGA se présentent comme des champions de la liberté d’expression, ce fonctionnaire a constaté un effet de refroidissement contre toute référence au changement climatique causé par l’industrie des combustibles fossiles.
«Nous avons dû parler du travail différemment », expliquent-ils. Personne n’a utilisé le mot «climat». Tout le monde s’est contenté de parler des résultats du travail sur le climat («climate work»), sans nécessairement nommer le climat tel qu’il est, si cela a un sens.» Rose Abramoff y ajoute: «Dans nos nouvelles propositions [de recherche], nous dirions par exemple «nous étudions la variabilité du climat» plutôt que «la science du climat» ou «la santé des sols» plutôt que «l’impact du climat sur le cycle du carbone dans le sol»».