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6 Fév 2025

Allemagne : Les études genre dans le collimateur de l’AfD

  • Société et hautes écoles

Alice Weidel, première candidate à la chancellerie de l’AfD, a annoncé lors de la convention fédérale du parti qu’elle souhaitait abolir les études genre et virer les professeur·es concerné·es. Sociologue à l’Université de Munich, Paula-Irene Villa Braslavsky dénonce tout d’abord un manque de compréhension, surtout dans le monde scientifique, du fait que de telles déclarations touchent directement «certain·es d’entre nous, les universitaires», en particulier car de nombreuses personnes du domaine scientifique n’auraient jamais subi d’attaques aussi existentielles et directes.

Elle indique que «les études genre sont depuis longtemps devenues un symbole […] sur lequel on projette tout et n’importe quoi», alors qu’il y aurait pourtant de nombreuses questions à débattre -sur l'(in-)activisme de la science, son utilité, son (a-)politisme, etc. Elle précise que des notions comme le genre peuvent également être utilisées par le monde politique uniquement de manière stratégique et opportuniste, «parce qu’elles fonctionnent».

Pourquoi les études genre sont vues comme un ennemi ? Pour deux raisons principalement, affirme la chercheuse. «D’une part, le terme «études genre» est associé à une sorte de contrôle d’État réalisme socialiste-RDA-soviétique, la science comme «programme de rééducation totalitaire». D’autre part, le terme est considéré comme le symbole d’une décadence de prospérité négligée de l’Occident capitaliste, comme l’expression d’un efféminé démasculinisant, comme quelque chose d’artificiel, d’étranger, d’élitiste.» Néanmoins, la chercheuse reconnait que certains aspects peuvent s’avérer tout de même critiquables dans les études de genre. «Parfois, le champ semble trop auto-justifié, et parfois je nous trouve aussi trop activistes ou imprécis.»

Pour la défense du domaine, la sociologue compare la recherche sur le genre à la recherche fondamentale. La question de l’utilité est importante, mais elle passe à côté de l’objectif de la science. Elle ajoute que la science fonctionne comme la culture : si elle veut être bonne, elle a besoin d’un espace de liberté. D’un point de vue plus pragmatique, Paula-Irene Villa Braslavsky explique que «nous avons explicitement besoin des études de genre parce qu’elles nous aident à comprendre dans quelle mesure le genre joue -ou ne joue pas- un rôle dans notre vie, dans notre monde.» Finalement, la chercheuse conclut l’interview ainsi : «Nous devons faire comprendre à la société que les attaques politiques contre la science – contre les professeur·es, les champs de recherche ou les institutions – sont des attaques contre les principes fondamentaux d’une démocratie plurielle et basée sur l’Etat de droit.»

 

  • études genre
  • liberté académique
  • politique – Allemagne
  • 04.02.2025 – Die Zeit – «Alarm, Alarm, Gender studies»
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