18 Mar 2025
Les cerveaux américains frappent à la porte des universités européennes
Alors que la France a déjà annoncé débloquer des millions pour accueillir les chercheur·euses fuyant les Etats-Unis, la Suisse est toujours silencieuse. L’Université Aix Marseille (amU) a lancé le programme «Safe Place for Science», auquel une quarantaine de scientifiques ont déjà répondu une semaine après la décision. Le programme prévoit de pouvoir dégager jusqu’à 15 millions d’euros sur 3 ans.
Dans l’éditorial du Temps, une journaliste argumente en faveur d’un accueil des chercheur·euses américain·es en Suisse. Elle avance principalement deux arguments: des questions de valeurs («aux Etats-Unis, ce ne sont pas seulement des individus qui sont attaqués, mais bien la démarche scientifique elle-même») et de prospérité («embaucher des scientifiques américains doit donc être vu comme un investissement, et non comme une œuvre de bienfaisance»).
La porte-parole de l’EPFL Corinne Feuz explique que «la période n’est pas idéale [pour accueillir des scientifiques étranger·ères] alors que les hautes écoles subissent des coupes de financement provenant de la Confédération. Mais c’est un moment dans lequel l’EPFL peut malgré tout saisir des opportunités, notamment en cherchant des fonds tiers.» Elle ajoute : «l’EPFL pourrait accélérer certaines procédures de recrutement, comme nous le faisons déjà pour des projets présentant des défis importants et nécessitant une mise en œuvre rapide.» (Le Temps)
Du côté de l’UNIGE, «il n’y a pas à ce stade de mouvement massif, mais nous constatons en effet un intérêt de chercheuses ou chercheurs travaillant actuellement aux Etats-Unis», souligne la rectrice Audrey Leuba. (Le Temps)
A l’UNIL, l’attachée de presse Géraldine Falbriard avance que l’université dit ne pas pouvoir évaluer si les demandes de scientifiques américains sont en augmentation, car les enseignements en français prédominent. (Le Temps) De son côté, l’oncologue Johanna Joyce (UNIL), présidente élue de l’Association européenne pour la recherche sur le cancer, explique que les candidatures spontanées de scientifiques américains pour son laboratoire ont quintuplé depuis janvier. (science.org)
Finalement à l’ETHZ, la professeure Sonia Seneviratne, membre du bureau du GIEC, dit recevoir de nombreuses demandes de collègues américain·es ou travaillant aux Etats-Unis. «Il n’est pas dans notre intérêt que la science américaine disparaisse, notamment dans le domaine du climat. Certaines des données qu’elle fournit sont irremplaçables; leur perte serait extrêmement dommageable pour la lutte contre le changement climatique», ajoute-t-elle. (Le Temps)
Selon science.org, «certain·es expert·es politiques estiment que les gouvernements nationaux devraient faire davantage pour attirer les talents étrangers». Des pressions sont faites en Australie pour que l’offre des visas ou des permis soit accélérée pour les meilleur·es scientifiques américain·es, «une idée qui a également été discutée en Norvège et dans d’autres pays au cours des dernières semaines». Néanmoins, de nombreuses universités connaissent actuellement des problèmes de financement, comme au Canada, où les institutions sont confrontées à de grandes coupes budgétaires. «Au Royaume-Uni, de nombreuses universités suppriment actuellement des emplois. […] Aux Pays-Bas et dans d’autres pays européens, les budgets consacrés à la science et à l’enseignement supérieur font également l’objet de réductions.» (science.org)