24 Avr 2025
«La Suisse pourrait-elle être un bassin d’accueil pour les chercheur·euses de haut niveau ?»
«Une enquête de la revue spécialisée Nature le montre : trois chercheurs américains sur quatre envisagent de quitter le pays. Sur les 1600 personnes interrogées, certaines ont expressément cité la Suisse comme destination souhaitée, indique la rédaction sur demande.» Le bz Zeitung für die Region Basel s’est demandé si la Suisse pouvait réellement accueillir de potentiel·les chercheur·euses, alors que plusieurs pays et institutions européens sont déjà à la recherche de talents américains, telles la Grande-Bretagne, la France, la Belgique et l’Allemagne.
Alors que les universités suisses misent actuellement sur une stratégie «passive qui vise à rendre la place scientifique aussi attractive que possible et à attirer ainsi les talents», les hautes écoles n’observent pas encore d’augmentation des candidatures en provenance des Etats-Unis. Bien qu’il soit possible que la longueur des procédures de nomination soit en cause, un chercheur américain «critique l’inflexibilité des nouvelles nominations : les universités suisses ne sont pas particulièrement prêtes à accueillir des étudiants – sauf si l’on apporte la renommée d’un Thomas Zurbuchen, ex-directeur de l’agence spatiale américaine Nasa, ou d’un Didier Queloz, prix Nobel de physique. Ces deux chercheurs ont été appelés à l’ETH Zurich.» Le chercheur américain reconnu ajoute que la Suisse offre peu de postes permanents, et qu’il «observe depuis longtemps un déséquilibre entre l’excellent encouragement des jeunes chercheurs et le manque de perspectives à long terme». Finalement, il n’existe pas en Suisse d’options pour les couples de chercheur·euses. «Aux Etats-Unis, le partenaire obtient souvent un poste». Le chercheur estime donc qu’«un exode vers la Suisse n’est pas réaliste».
Alors que le conseiller aux Etats Baptiste Hurni (PS/NE) avait demandé, dans une intervention parlementaire, au Conseil fédéral d’élaborer des mesures afin de faciliter la venue en Suisse de chercheur·euses américain·es, le conseiller national Fabien Fivaz (Les Verts/NE) estime l’idée intéressante, mais questionne sa pertinence dans un contexte des mesures d’économie massives dans la formation à partir de 2027. «Pourquoi les chercheurs devraient-ils venir chez nous si nous ne pouvons pas leur offrir de perspectives ?», demande-t-il.