7 Mai 2025
«L’antisémitisme à l’université obscurcit la pensée»
La NZZ interroge le professeur émérite d’infectiologie Manuel Battegay de l’Université de Bâle sur la propagation de l’antisémitisme dans les universités. Selon lui, l’antisémitisme dans les universités «obscurcit véritablement la pensée». Il déclare toutefois que «contrairement aux Etats-Unis, il faut dire que les directions des universités suisses reconnaissent ces problèmes et ont bien réagi» face aux occupations dans les universités.
Le professeur explique que le monde entier fait face à «un tsunami antisémite» et que «les universités ne sont pas épargnées». «Au lieu des faits, c’est de plus en plus l’idéologie qui domine dans les universités. […] Une partie de la société est en train de perdre la capacité d’écouter et d’agir sur la base de preuves.» Pour lui, l’«intelligence» des universités porte en elle «le risque de déformer la perception des choses. A force d’analyser, on ne voit plus le grand titre. On se trompe dans la structure analytique. C’est ce que nous voyons dans les idéologies actuelles. Dans le wokisme, le postcolonialisme.»
Le professeur regrette le corps professoral qui soutient ces idéologies. «C’est une petite partie, mais qui ne doit pas être sous-estimée. Il n’est pas acceptable qu’un professeur comme celui de Bâle soutienne un travail qui accuse Israël d’attaquer les Palestiniens avec des sangliers. Ce n’est plus de l’ouverture scientifique, ce sont des fake news. Ou que des professeurs fraternisent avec des étudiants qui occupent les universités en criant «From the river to the sea».»
Selon le professeur, l’antisémitisme dans les universités, «c’est une minorité bruyante, mais elle a un effet dangereux. Justement parce que celle-ci est académique. Je souhaite que la société se lève. C’est ce qui se passe. Et la grande majorité ne veut pas non plus dénier à Israël le droit d’exister. C’est la voie à suivre – et non pas le mouvement dogmatique dans les universités, qui veut éliminer les autres opinions et qui a les juifs particulièrement dans son champ de vision.»
Afin de contrecarrer l’antisémitisme ambiant en Suisse et plus particulièrement dans le milieu académique, Manuel Battegay explique qu’«il ne faut pas tomber dans le rôle de victime» mais «apporter une contribution à la société». La sienne est d’expliquer le judaïsme, et «qu’il est positif».