20 Mai 2025
«Le rôle actif des unis israéliennes» et la «complicité» des universités occidentales
Selon la chercheuse israélienne Maya Wind, «les universités israéliennes sont l’un des moteurs de la politique coloniale de l’Etat hébreu». Dans son livre Towers of Ivory and Steel. How Israely universities deny Palestinian freedom (2024), elle conclut que «ce que disent les Palestiniens est absolument vrai. Les universités représentent un pilier structurel de l’Etat israélien qui les opprime. Et, au cours des dix-neuf derniers mois, elles ont joué un rôle clé pour appuyer le génocide à Gaza». Selon elle, cette attitude justifie le boycott académique réclamé dans les hautes écoles de Suisse et d’ailleurs.
La chercheuse avance en particulier que les infrastructures des universités israéliennes ont été «planifiées, conçues et construites comme des piliers de la conquête territoriale israélienne – et de son corollaire, la dépossession palestinienne. Leurs campus, stratégiquement situés, ont d’ailleurs été construits directement sur des terres palestiniennes, sous la forme d’enclaves isolées, bordées et clôturées, situées au sommet de montagnes ou de collines.» La chercheuse ajoute que «depuis 1948, les universités israéliennes jouent un rôle clé pour l’industrie militaire et l’armée israéliennes. Dans chacune d’entre elles, il existe des programmes d’études sur mesure pour entraîner la police, les forces de sécurité et les soldats israéliens. On y développe aussi des armes, y compris biologiques.» Finalement, «les facultés israéliennes de droit, d’éthique et de philosophie développent des interprétations du droit international humanitaire visant à justifier le régime d’exception militaire imposé aux Palestiniens et à faciliter l’impunité de la puissance occupante. Dans tous les départements, y compris celui des sciences humaines et sociales, la recherche est subordonnée au projet colonial de l’Etat israélien.»
Dans ce contexte, la chercheuse israélienne Maya Wind affirme qu’en boycottant les universités israéliennes, il est possible de déstabiliser le régime d’apartheid israélien. Elle précise: «Israël en est d’ailleurs conscient, et dépense des millions de shekels pour saboter les mouvements de contestation dans les universités occidentales.» Elle conclut: «Voilà pourquoi il est si important de continuer à construire la mobilisation au sein des universités, à l’image des étudiants suisses. En Occident, nous avons à cet égard une responsabilité particulière, car le système universitaire israélien est lié aux Etats-Unis et à l’Europe sous tous ses aspects – financement, bourses, collaborations académiques, etc. Il faut répéter que toutes les universités qui collaborent avec l’académie israélienne sont directement impliquées dans la violation des droits des Palestiniens et dans le massacre de masse en cours depuis dix-neuf mois.»
Selon le journaliste du Courrier Guy Zurkinden, le constat de la chercheuse «clarifie les enjeux du bras de fer qui oppose, depuis plus d’une année, des centaines d’étudiant·es et de chercheur·ses helvétiques à leurs directions». Il écrit: «D’abord, [le constat de la chercheuse] confirme la légitimité de la revendication d’un boycott académique d’Israël – mais aussi son efficacité, car les hautes écoles y sont totalement dépendantes des collaborations avec leurs homologues occidentales. Ensuite, il bat en brèche les refus et les atermoiements des états-majors universitaires, qui se justifient en invoquant une séparation – de fait inexistante – entre Etat et académies en Israël. Enfin, il confirme le scandale que représente la répression qui s’abat sur les mobilisations estudiantines.»