27 Juin 2025
La confiance dans la science comme marqueur d’identité politique
L’article du Economist abord la perte de confiance croissante envers la science, exacerbée par des décisions politiques controversées comme celle de Robert F. Kennedy Jr., secrétaire américain à la Santé, qui a remplacé un panel d’experts en vaccination par des sceptiques. Cette méfiance ne se limite pas aux États-Unis.
«À première vue, les données semblent équivoques. La part des personnes qui accordent « beaucoup » de confiance aux institutions scientifiques a augmenté depuis 2019 dans des pays comme l’Amérique, la Grande-Bretagne, le Canada, la France, l’Allemagne et l’Espagne. Mais, au cours de la même période, la part de ceux qui disent ne pas avoir confiance du tout a également augmenté de manière frappante, faisant plus que doubler dans certains endroits. Cette dernière tendance est inquiétante. D’une part, les personnes qui se méfient de la science sont moins susceptibles de suivre les conseils en matière de santé publique.»
Le phénomène s’est intensifié après la pandémie de Covid-19. «Tout au long de la pandémie, des institutions prestigieuses ont commis des erreurs (par exemple, au début de l’année 2020, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que le covid-19 n’était sans équivoque pas une maladie transmise par l’air) et les gouvernements ont utilisé la science pour justifier de mauvaises décisions politiques.» Cependant, en même temps, les scientifiques ont fait d’énormes progrès.
L’idéologie politique joue un rôle important : les conservateurs, notamment, se montrent plus sceptiques, et cette tendance est accentuée chez ceux ayant une vision hiérarchique de la société. Le rejet de la science devient alors un marqueur d’identité politique. La gauche, quant à elle, estime plutôt qu’il est normal que les scientifiques travaillent en étroite collaboration avec les hommes politiques pour définir les politiques.
Malgré cela, la majorité de la population mondiale reconnaît encore la valeur des méthodes scientifiques. Pour inverser la tendance, les scientifiques doivent mieux communiquer les bénéfices concrets de leurs travaux, clarifier les consensus et comprendre les causes locales des réticences.
(The Economist, p. 74)