7 Juil 2025
«L’EPFL a contribué au développement de drones iraniens»
A cause de sanctions internationales, de nombreux composants électroniques ne peuvent pas être exportés vers l’Iran. Cependant, un chercheur iranien aurait profité de son statut à l’EPFL pour en commander certains issus des Etats-Unis afin d’élaborer des drones tueurs en Iran.
Après avoir terminé son doctorat, le chercheur iranien Mohammad Abedini Najafabadia postule avec succès en 2015 pour un poste scientifique à l’EPFL. A ce moment, les échanges scientifiques avec l’Iran sont en plein essor (l’EPFL signe en 2016 un accord de coopération avec deux universités iraniennes). Dans ce contexte, le chercheur iranien rejoint l’EPFL sans contrôle de sécurité, et y travaille sur un projet de drone. Il en aurait profité pour commander des microcomposants spéciaux aux Etats-Unis et les aurait ensuite transportés de manière cachée dans ses bagages jusqu’à Téhéran.
Le journaliste de la NZZ Daniel Rickenbacher écrit: «Le cas Abedini montre que tous les mécanismes de contrôle ont échoué en Suisse – pour autant qu’ils aient existé.» La responsabilité du contrôle de sécurité incombe généralement aux autorités cantonales en charge de la migration, lesquelles consultent en principe le système d’information Schengen (SIS). Si un doute surgit, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) peut être sollicité. Pour des raisons de protection des données, il n’est pas précisé si cela a été fait dans ce cas particulier.
L’EPFL a ainsi engagé Mohammad Abedini Najafabadia sans effectuer son propre contrôle de sécurité. Les institutions ayant financé les projets de recherche auxquels il a pris part n’ont pas non plus procédé à de telles vérifications. Le Fonds national suisse (FNS) indique ne disposer ni du mandat légal, ni des ressources humaines nécessaires pour effectuer ce type de contrôle. De son côté, Armasuisse précise que dans le cadre de la recherche appliquée menée avec des institutions académiques, de telles démarches ne sont en général pas pratiquées, les contenus n’étant «normalement» pas secrets.
Fin 2024, le chercheur iranien a été arrêté à Rome. Par la suite, le Ministère public de la Confédération a ouvert une procédure, et poursuit actuellement son enquête. Dans son rapport de situation publié mercredi, le SRC souligne l’urgence de prendre des mesure actuellement.
Le journaliste de la NZZ Daniel Rickenbacher écrit à propos des risques d’espionnages dans la recherche en Suisse: «un changement de mentalité semble s’amorcer lentement. En novembre 2024, la Conférence suisse des hautes écoles a créé un groupe de travail sur la «sécurité du savoir». Un mois plus tôt, l’EPFZ avait déjà décidé de durcir les conditions d’admission pour les candidats provenant de pays à risque.»