14 Oct 2025
Les scientifiques exhortés à exiger une gouvernance indépendante dans Horizon Europe
En finançant largement la recherche fondamentale, les États-Unis ont créé un écosystème propice à l’innovation privée, sans subventionner directement les entreprises. La Chine suit aujourd’hui la même voie, tandis que l’Europe, faute d’investissements suffisants, prend du retard. Le déséquilibre est frappant : l’augmentation de 500 millions d’euros du budget du Conseil européen de la recherche paraît dérisoire face aux milliards investis dans les universités américaines.
Contrairement aux idées reçues, la majorité du financement scientifique américain soutient la recherche fondamentale, d’où sont issues toutes les grandes révolutions technologiques – ordinateurs, internet, vaccins, intelligence artificielle. En Europe, au contraire, la tendance actuelle privilégie les projets à court terme et les applications industrielles, au détriment de la recherche fondamentale.
Les débats sur le prochain programme-cadre européen (FP10) illustrent cette dérive. Bien que la recherche fondamentale y soit encore protégée, son avenir reste incertain, notamment en raison du lien possible avec le Fonds européen de compétitivité (ECF), qui exclut la recherche de base. Une telle orientation menacerait, selon le recteur de l’Université de Ljubljana Gregor Majdič, le modèle de progrès européen fondé sur la connaissance. Il appelle donc à une action urgente : augmenter les investissements dans la recherche fondamentale et renforcer les liens entre universités, industrie et société. Sans cela, l’Europe risque de devenir simple consommatrice des innovations venues d’ailleurs.