2 Déc 2025
Objectivité scientifique mise en doute dans une thèse financée par le FNS
Le journaliste de la NZZ Rico Bandle interroge l’objectivité scientifique d’une thèse de doctorat acceptée au Geneva Graduate Institute cet automne, et la lie à «la montée d’idéologies dans de nombreuses universités en Europe et aux États-Unis». Le sujet de la thèse traite du trafic de sperme issu des prisons israéliennes, afin que le liquide soit livré aux femmes des prisonniers pour qu’elles puissent tomber enceintes par insémination artificielle.
L’anthropologue remis en question, Izzeddin Ara, a interrogé une cinquantaine de mères, qui sont tombées enceintes à la suite d’un trafic de sperme, et qui «voient leur maternité comme faisant partie de la résistance, qu’elles ont surmonté les épreuves non seulement pour elles-mêmes mais surtout pour la communauté palestinienne». Le journaliste voit plusieurs problématiques dans l’écriture de cette thèse. Il met notamment en avant la «grande probabilité» que ce travail glorifie des gens qualifiés de «prisonniers politiques» alors qu’ils auraient «planifié ou même exécuté des assassinats d’innocents». Il note également l’utilisation par l’auteur, lui-même d’origine palestinienne, du terme «Palestine historique» à la place de «Israël». Le journaliste se demande ainsi: «Pourquoi les professeurs responsables ne l’ont-ils pas informé des lacunes? Pourquoi une université reconnue accepte-t-elle une thèse aussi unilatérale qui peut être interprétée comme glorifiant le terrorisme ?» Selon lui, l’acceptation de cette thèse est directement liée à la montée actuelle d’idéologies dans les universités occidentales.
Le journaliste relève par ailleurs l’existence de liens étroits entre le Geneva Graduate Institute et le Qatar, le pays qui a financé le Hamas et dont les revenus pétroliers favorisent la diffusion de l’idéologie des Frères musulmans dans le monde entier. Marie-Laure Salles, directrice du Geneva Graduate Institute, précise néanmoins que la coopération avec le Qatar n’a aucune incidence sur le contenu de la recherche: «il n’y a absolument aucun financement du fonds qatarien pour nos activités de recherche ou notre programme de doctorat». Le doctorat d’Izzeddin Araj a été financé par une bourse d’excellence du FNS pour trois ans et par un financement interne de l’institut (qui est lui-même financé par la Confédération à hauteur de 18 millions de francs par an, ainsi que par le canton de Genève). Interrogé, le SEFRI déclare que la demande de recherche qui a servi de base à la décision concernant la bourse d’Izzeddin Araj en 2020 «est très différente du contenu de la thèse publiée en 2025», et renvoie la responsabilité à l’institut qui a supervisé le travail.