Suite à un récent courriel envoyé par la directrice des finances de l’Université de Genève (Unige) annonçant une première série de mesures d’économies en 2025 afin de «stabiliser la situation financière de l’université», deux lettres de retour ont été envoyées par le personnel scientifique et administratif au rectorat de l’Unige en guise de protestation.
La première lettre est signée par les huit président·es de section de la faculté […] et «demande à la rectrice Audrey Leuba de revenir sur ces décisions». Elle dénonce des mesures qui impacteront «les deux missions primaires de l’université, l’enseignement et la recherche». Les auteur·ices se plaignent «du manque de concertation et de communication de la part du rectorat», accusé «d’opacité». «Dans leur lettre, les présidents de section reprochent au rectorat de vouloir transférer des ressources attribuées à l’enseignement et à la recherche pour financer l’administration centrale.»
La seconde vient de la part des administrateur·ices de toutes les facultés, «qui font part de leur désarroi face au rabotage budgétaire». Ils et elles dénoncent un «manque de transparence» de la part du rectorat et conteste sa méthodologie. «Les signataires écrivent que «les fondements» de la démarche n’ont jamais été clarifiés. Les décisions prises auront inévitablement pour conséquence des licenciements et l’impossibilité de remplacer des personnes absentes.»
Les mesures demandent à tous les services de «ne pas dépenser plus en 2025 que ce qu’ils ont déboursé en 2024» et modifient les fonds dits «overheads» («coûts indirects» en français). «Jusqu’à présent, le rectorat prélevait un forfait de 4,1 millions de francs sur le total des «overheads» alloués par le FNS, soit 40% de cette enveloppe en 2025. Or, le rectorat entend ponctionner non pas 40% mais 60% de ces fonds et les allouer à l’administration centrale. Ce qui pourrait représenter environ 1,7 million de francs de moins pour la recherche et l’enseignement. A cette nouvelle répartition s’ajoute une ponction de 10% dans les réserves rassemblées par les facultés sur lesdits fonds «overheads».» Alors qu’Audrey Leuba affirme que «certaines facultés détiennent des réserves considérables qui ne sont pas utilisées», les scientifiques parlent d’«une erreur stratégique grave», en expliquant que ces fonds servent à remplacer par exemple une machine si elle venant au bout de son cycle.
Ces nouvelles mesures de coupes budgétaires ont particulièrement surpris car un plan d’économies avait déjà été déployé, exigeant de l’institution d’économiser 4% de son budget durant la période de 2024 à 2027. L’objectif des nouvelles coupes est d’éviter le creusement du déficit net d’exploitation, évalué pour 2024 à 22 millions de francs. «Les projections ont montré que le plan d’économies 2024-2027 ne suffisait pas. Il a fallu réagir rapidement, avec une implémentation de mesures immédiates pour 2025 afin d’éviter de creuser le déficit», explique Audrey Leuba. «Si nous devons nous redimensionner, nous devons réfléchir à ce quicompose nos fondamentaux»