Madeleine Pownall, professeure associée à l’école de psychologie de l’Université de Leeds, dénonce une culture de harcèlement académique envers les jeunes chercheur·euses (ECRs) dans l’open science. Elle a pu constater dans ses recherches que de nombreux·euses jeunes chercheur·euses hésitent à participer aux pratiques d’open science en raison de ces problèmes culturels. Une expérience hostile dans ce contexte pourrait même les amener à se détourner définitivement du milieu de la recherche. Selon elle, «l’hostilité, l’exclusion et le harcèlement académique devraient être formellement reconnus comme des problèmes d’intégrité de la recherche».
En 2020, les spécialistes en sciences cognitives Olivia Guest et Kirsty Whitaker avaient inventé le concept de «bropen science» afin de critiquer la façon dont le mouvement des open sciences «renforçait plutôt que démantelait les hiérarchies existantes dans l’enseignement supérieur», remplaçant l’inclusion dans les conversations ouvertes sur la recherche par la performance, l’hostilité et l’exclusivité. Aujourd’hui, «cette réalité n’est toujours pas prise au sérieux», regrette Madeleine Pownall.
La professeure estime alors que l’intégrité de la recherche a besoin d’urgence d’un «programme de bienveillance», qui comprend des mesures incitatives locales afin de favoriser une culture académique de la gentillesse. «Cela impliquerait l’élaboration de politiques et de pratiques, à tous les niveaux, qui soutiennent non seulement la recherche rigoureuse mais aussi des interactions humaines et compatissantes envers les uns et les autres : les valeurs de collégialité, de soin et de réflexion que la recherche ouverte prétend promouvoir. Il pourrait s’agir, comme point de départ, d’établir des protections claires contre l’intimidation et le harcèlement, d’avoir des procédures transparentes de signalement et de dénonciation pour les ECRs, et de récompenser la collaboration et le soutien mutuel.»
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