Giorgia Magni, maître-assistante à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, vient de terminer sa thèse sur les violences de genre entre étudiant·es à l’Université de Genève. Interviewée par Le Courrier, elle partage ses résultats.
Au total, 59% des personnes interrogées disent avoir subi des violences à l’Université. Plus de deux tiers des violences citées ont eu lieu dans des bâtiments universitaires, majoritairement dans les couloirs et le hall, mais également à la bibliothèque, dans des salles de classe vides et à la cafétéria. Elles peuvent avoir une influence sur la concentration, la performance, la présence en cours, le choix des lieux pour réviser et la poursuite ou non d’un cursus.
Les personnes lesbiennes, bisexuelles, trans, queer et non binaires sont les plus vulnérables et la majorité des auteurs sont des hommes. Les violences de genres concernent toutes les facultés de l’Université de Genève, mais sous des formes différentes. Dans certaines filières, notamment en droit ou en sciences, les enjeux liés au genre sont rarement intégrés aux programmes. Les personnes LGBTQ et non binaires restent invisibilisées. Ces domaines, encore largement dominés par les hommes, restent marqués par des normes de genre rigides et des structures hiérarchiques qui peuvent entretenir des comportements sexistes et homophobes, malgré une présence féminine en progression.
Finalement, «le rôle des enseignant·es est primordial. Leurs propos ne sont pas souvent contestés, ce qui les place à la fois comme figures d’exemple et d’autorité.» La lutte contre les violences de genre nécessite une sensibilisation et une formation de toute la communauté universitaire, ainsi qu’une transparence accrue sur les cas et les sanctions. Cela doit s’accompagner d’une politique claire de l’Université et s’inscrire dans une démarche institutionnelle, systémique et inclusive sur le long terme.