Des chercheurs appellent à une réforme du système scientifique pour renforcer la confiance du public, améliorer les soins aux patient·es et assurer une formation plus fiable des intelligences artificielles. Selon Stephen Curry, conseiller stratégique au Research on Research Institute (Royaume-Uni), il est urgent de lutter contre la «biais de publication», c’est-à-dire la tendance à publier uniquement les résultats positifs ou spectaculaires, au détriment des résultats négatifs ou nuls.
Un article publié dans PLOS Biology dénonce cette culture profondément enracinée, qui conduit à une perte de ressources, un ralentissement de la recherche, une distorsion des preuves scientifiques et des impacts concrets sur les soins médicaux. Les auteurs et autrices affirment que les résultats négatifs sont essentiels, car ils permettent d’éviter les impasses et d’éclairer les recherches futures.
Le texte appelle tous les acteurs de la recherche — financeurs, institutions, maisons d’édition — à s’engager pour la diffusion de toutes les données, quelles qu’en soient les conclusions. Les changements proposés incluent :
- l’obligation pour les chercheurs de publier tous les résultats ;
- une réforme de l’évaluation des chercheurs, axée sur la qualité des hypothèses et des méthodes plutôt que sur le prestige des revues ;
- une ouverture des éditeurs aux résultats négatifs.
Bien que cela représente une charge de travail supplémentaire, Stephen Curry, auteur de cet article, suggère que les financeurs travaillent avec les chercheurs et chercheuses pour concevoir des formats de rapports simples.
Pour enclencher ce changement de culture, les scientifiques derrière l’étude estiment qu’il faudrait le soutien de quelques financeurs ou institutions influentes, comme UK Research and Innovation ou le Conseil européen de la recherche. Ce mouvement s’inscrit par ailleurs dans la continuité des initiatives telles que la Déclaration de San Francisco sur l’évaluation de la recherche (DORA) et la Coalition européenne pour l’avancement de l’évaluation de la recherche (CoARA).
Enfin, ils et elles soulignent que la communauté scientifique semble prête à engager cette transformation, et qu’un soutien institutionnel fort pourrait accélérer le passage à une science plus transparente et complète.