«Une influente étude affirmant que le glyphosate ne présente aucun risque grave pour la santé a été récemment retirée pour suspicion de conflits d’intérêts, 25 ans après cette publication qui a entre-temps guidé nombre de décisions politiques malgré des alertes quant à la probité de ses auteurs. Si des chercheurs ont salué cette rétractation, sa lenteur interroge quant à l’intégrité de la recherche menée autour de l’ingrédient clé du Roundup, herbicide le plus vendu dans le monde.» (Le Temps)
En 2002, soit deux ans après la publication de l’étude, une lettre signée par une vingtaine de chercheur·euses dénonçait déjà «des conflits d’intérêts, un manque de transparence et l’absence d’indépendance éditoriale» au sein de la revue scientifique. L’affaire a ensuite éclaté en 2017 lorsque des documents internes de l’entreprise en conflit d’intérêt ont été divulgués, révélant le rôle d’employé·es de l’entreprise dans l’écriture de l’étude désormais retirée.
Naomi Oreskes, historienne des sciences à l’Université Harvard et coautrice d’une publication à propos de l’influence de cette étude, déclare que «la communauté scientifique a besoin de meilleurs mécanismes pour identifier et retirer les articles frauduleux». Pour Nathan Donley, scientifique du Centre pour la diversité biologique, cet épisode n’est qu’un exemple d’«un phénomène plus large au sein de la littérature scientifique». «Je suis sûr qu’il y beaucoup articles du même genre, écrits par d’autres que leurs auteurs affichés et aux conflits d’intérêts non déclarés», déclare John Ioannidis, professeur à l’Université Stanford. «Mais ils sont très difficiles à révéler, à moins de se plonger» dans des documents d’archives, ajoute-t-il