Le journal d’investigations Reflekt a lancé un sondage sur l’abus de pouvoir dans les universités suisses.
18 Juin 2025
18 Juin 2025
Le journal d’investigations Reflekt a lancé un sondage sur l’abus de pouvoir dans les universités suisses.
17 Juin 2025
La fédération des historien·nes allemandes VHD a publié une charte pour prévenir des abus de pouvoir dans ce domaine. Un sondage anonyme réalisé durant l’hiver 2024/25, auquel ont participé environ 600 personnes dans le domaine des sciences historiques sert de base empirique de la charte. Parallèlement, les résultats de l’enquête ont été publiés.
11 Juin 2025
Fin mai, une manifestation de plus de 50 étudiant·es de l’Université de Zurich a dénoncé le manque de soutien aux victimes du centre d’accueil contre le harcèlement sexuel de l’université. L’association des étudiant·es de l’Université de Zurich (VSUZH) a rassemblé 13 plaintes contre le centre depuis 2022. Ayant proposé une série d’améliorations, aucune n’a jusqu’à maintenant été mise en place. Le groupe de travail «estime que l’offre du centre d’accueil doit être plus accessible. Le site web devrait indiquer plus clairement les possibilités et les droits des personnes concernées. A long terme, le groupe de travail a exigé de l’UZH une révision complète du règlement de protection contre le harcèlement sexuel, qui date de 2007.» (Tages-Anzeiger)
Les reproches sont particulièrement dirigées vers la directrice du centre, professeure émérite de droit pénal travaillant bénévolement. Son approche serait «trop juridique», la communication «difficile», et son ton serait «insensible». Mardi, le Tages-Anzeiger a publié le témoignage d’une victime qui explique ne pas avoir été prise au sérieux après avoir été harcelée à l’université. «Adapter le centre d’accueil, c’est la tâche de l’université, pas la mienne», répond la directrice. L’Université, elle, considère les critiques à l’encontre de la responsable «infondées».
La VSUZH dénonce finalement un manque de moyens de l’université envers le centre (qui a traité 40 cas l’an dernier) , la directrice étant bénévole. Le 20 minutes compare cette situation à celle de l’UNIL, dont le dispositif Aide UNIL se compose d’une déléguée à plein temps, d’une adjointe à temps partiel, aidées par 2 auxiliaires. (20 minutes)
19 Mai 2025
La troupe Spe(c)tator explore le sexisme dans la recherche par le théâtre forum. La projet Coffee Machine s’inspire de cas réels liés au monde de la recherche académique. «Ils sont répertoriés et analysés dans l’étude de la professeure Klea Faniko, spécialiste des discriminations et de la diversité, et responsable du Bureau de l’égalité de l’université de Genève. Depuis sa création en 2022, la pièce a été jouée dans des cadres variés, tels le CERN, des organisations internationales, l’université de Genève, l’EPFL, etc.»
Travaillant à l’intersection du social, de l’artistique et de la médiation culturelle, les membres de la troupe voient cette pratique artistique comme un outil de transformation collective, qui dénonce des situations de discrimination et permet le renforcement des capacités des victimes. «Nous n’apportons pas nos propres solutions. Plutôt, nous posons des questions sincères auxquelles nous n’avons pas les réponses», précise Nyan Storey, directeur artistique de Speta(c)tor.
15 Mai 2025
Un rapport de l’EPFZ conclut que le professeur en écologie Thomas Crowther de l’EPFZ n’a pas suivi les règles de gouvernance « sur une variété de sujets ». Ce rapport expurgé – qui ne cite pas le nom de M. Crowther mais décrit des détails qui correspondent à son cas – fait également état de multiples allégations de comportement inapproprié à l’égard d’employés. À la suite de ces conclusions, M. Crowther s’est vu refuser la titularisation et quittera l’institution en septembre, à l’expiration de son contrat, a annoncé l’université.
Dans son rapport, l’EPF critique également le fait qu’après la publication d’un article du Tages-Anzeiger en août, le professeur a facturé à cette rédaction les frais de son avocat et de son travail médiatique à l’EPF. L’école supérieure lui aurait fait remarquer à plusieurs reprises qu’il était interdit de faire appel à une agence de communication externe. Dans le rapport de l’EPF, Crowther regrette à cet égard «quelques négligences mineures» et a remboursé l’argent. Selon le récent article du Tages-Anzeiger, «Son offensive de communication a en tout cas porté ses fruits. […] [L]a NZZ a publié un article détaillé qui présentait Crowther comme une victime – mais sans attendre le résultat de l’enquête. Le conseiller en relations publiques du professeur a ensuite écrit dans les médias sociaux, en se référant à l’article de la NZZ, que son client était victime d’un «système institutionnel».»
Un récent article de la NZZ met, par ailleurs, en avant les critiques d’une partie des membres du « Crowther Lab », qui a adressé une lettre de soutien à la direction de l’EPFZ et la direction des ressources humaine. Les auteurs-rices de la lettre reprochent à l’EPFZ d’avoir mené une enquête «peu rigoureuse» et «erronée», qui était n’était ni juste ni neutre. «Cela a créé un environnement d’intimidation, de partialité et de distorsion des faits.»
28 Avr 2025
Afin de lutter contre les agressions «fréquentes mais rarement dénoncées» (NZZ) de harcèlement sexuel des médecins dans le cadre de leur activité, l’Association suisse des médecins-assistants et chefs de clinique (ASMAC) «a déposé une demande auprès du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes pour la réalisation d’un projet dans ce sens. Ce bureau a déjà approuvé un avant-projet dont l’objectif principal est d’élaborer et de mettre en œuvre des mesures de prévention et de sensibilisation dans ce domaine. […] Le projet prévoit également la collecte de données sur le sujet.» (Le Courrier)
Le nombre de cas officiel est en effet faible. «Au CHUV, selon les indications d’un porte-parole, dix avertissements et onze licenciements sans préavis ont été prononcés l’année dernière pour cause de harcèlement sexuel. A cela s’ajoutent dix entretiens personnels. Cette année, une personne a déjà reçu un avertissement et l’hôpital a licencié deux collaborateurs. Quatre autres procédures disciplinaires sont encore en cours. En outre, quatre plaintes nominatives et deux plaintes anonymes pour harcèlement ont été déposées.» (NZZ) Au cours des deux dernières années, les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) ont comptés 16 cas de harcèlement sexuel, l’hôpital universitaire de Berne en a recensé 14, tandis que l’hôpital universitaire de Zurich en a comptabilisé 36 uniquement pour l’an 2023. L’Hôpital universitaire de Bâle n’a pas eu de cas documenté durant les deux dernières années.
Susanne Hasse, avocate et directrice de l’ASMAC Zurich, explique que ces cas de harcèlement dans les études de médecine sont favorisés par les «structures encore très hiérarchiques », la faible proportion de femmes médecins-chefs, les salles d’opération fermées, les longs services postés, mais aussi «la charge émotionnelle élevée». «En outre, les médecins-assistants se trouvent dans une «double relation de dépendance» en raison de leur formation postgraduée en vue de l’obtention du titre de spécialiste et sont donc particulièrement menacés.» La directrice explique encore que «même après leur formation, les médecins-assistants ne peuvent guère échapper à cette relation de dépendance : les experts disposent d’un bon réseau national dans leurs disciplines. Ils sont ainsi en mesure d’influencer de manière déterminante les perspectives de carrière de leurs jeunes collègues, c’est pourquoi les personnes concernées ne se défendent guère.» (NZZ)
15 Avr 2025
L’Université de Bâle a adapté son règlement sur la protection de l’intégrité personnelle et transformé son ancien service de coordination en service spécialisé dans l’intégrité personnelle (FPI). Ce dernier aura plus de ressources qu’auparavant. La démarche fait suite aux accusations selon lesquelles l’Université aurait protégé des auteurs de cas de harcèlement en automne dernier.
Dorénavant, il sera «possible de faire appel à une autre personne externe chargée de l’enquête, comme par exemple quelqu’un ayant des connaissances spécifiques dans le domaine de la violence sexuelle, mais qui n’est pas employé par l’université. L’indépendance d’une procédure doit ainsi être garantie.» Désormais, le délai dans lequel les personnes concernées peuvent déposer une plainte auprès du service juridique de l’Université est d’une année, contre six mois auparavant. Les plaintes peuvent concerner des incidents «de discrimination, de mobbing ou de harcèlement sexuel commis par une personne employée à l’université». «L’université peut clarifier des processus internes et décider de mesures telles que l’exmatriculation ou l’exclusion de l’université, mais elle ne peut pas engager de poursuites pénales. En cas de délits graves, les personnes concernées devraient porter plainte auprès de la police.» Le règlement entre en vigueur avec effet rétroactif au 1er janvier 2025, et son adaptation est «n’est apparemment qu’une étape parmi d’autres que l’université souhaite désormais franchir».
D’autres propositions d’amélioration actuellement à l’étude ont été faites par différents groupes universitaires comme la Skuba, l’Avuba et la Dozuba. Il s’agit par exemple de «formations obligatoires, d’informations sur la procédure de signalement à la FPI ou d’un nouveau poste de lanceurs d’alerte».
10 Avr 2025
Une vaste enquête a été menée par la NZZ sur «l’étrange cas du professeur de l’EPFZ Tom Crowther». Des accusations de harcèlement sexuel publiées dans les journaux du groupe Tamedia en août et décembre 2024 ont participé à atteindre la carrière du chercheur britannique, dont le contrat n’est pas prolongé et dont le groupe de recherche (une équipe de 40 doctorant·es, post-doctorant·es, scientifiques et autres collaborateur·trices) est dissous. Dans cette affaire, le droit d’être entendu de l’accusé semble avoir été abrogé. Les recherches de la NZZ indiquent que l’affaire est moins simple que ne le laisse supposer le compte-rendu de Tamedia. «Il s’agit d’une vidéo de téléphone portable qui a été transformée en affaire. Il s’agit d’accusations contre un professeur qui semblent douteuses. Et il s’agit d’une université qui laisse tomber son employé dans une procédure étrange.»
En effet, deux éléments semblent être particulièrement problématiques dans cette affaire.
Les articles du groupe Tamedia concernant le professeur accusé sont orientés vers les plaignant·es. Dans le premier article sur l’affaire publié août, les propos du professeur Tom Crowther sont à peine exposés et les éléments avancés en sa faveur ne sont pas repris. Dans le deuxième article publié en décembre, «Crowther ne s’exprime pas dans le texte. L’école supérieure lui avait demandé de ne pas s’adresser aux médias.»
Ensuite, la gestion de la crise par l’EPFZ est menée par «une procédure étrange», dans laquelle le professeur n’aura pas le droit d’être entendu. L’EPFZ a demandé à un cabinet d’avocats de la soutenir dans ses investigations en fournissant un rapport. Bien qu’on lui promette qu’il sera entendu, le professeur Tom Crowther doit garder le silence dans un premier temps. «Dannath [vice-présidente de l’EPFZ] rappelle à Crowther qu’il ne peut parler des accusations ni avec les collaborateurs de son groupe de recherche, ni avec ses partenaires, ni avec d’autres journalistes.» Et durant la procédure menée par ce cabinet d’avocat, «contrairement à ce qu’avait assuré le président de l’EPFZ en août, [Tom Crowther] n’a pas été interrogé.» Recevant le rapport du cabinet début décembre, l’EPFZ décide instantanément la mise à pied de Tom Crowther, dans un premier temps jusqu’à fin janvier. Le professeur peut emporter chez lui le rapport, dont «il ne peut en parler à personne, sauf à son avocat». «Mais les accusations contenues dans le rapport restent anonymes. Il ne s’agit pas d’une enquête officielle, mais seulement d’une clarification informelle, explique Julia Dannath. Cela signifie aussi que les preuves qui soutiendraient la perspective de Crowther ne sont pas demandées. Le professeur doit simplement accompagner le rapport de commentaires écrits.» Ainsi, «le professeur tente de réfuter le rapport du cabinet d’avocats. Il mentionne des documents qu’il n’a pas le droit de produire. Il fait référence à 44 collaborateurs, actuels et anciens, qui ont voulu l’aider et auxquels il n’a pas pu répondre, car l’EPF le lui avait interdit. En vain.» Finalement, le 17 janvier, le professeur mis à pied est tout de même officiellement interrogé. «Ce n’est que maintenant – alors qu’il est déjà clair qu’il doit quitter l’école supérieure – que Crowther peut présenter ces documents et prendre personnellement position», écrit la NZZ. «Le 20 février, Tom Crowther est finalement autorisé à prendre personnellement position sur les accusations de harcèlement – et à présenter d’autres documents : chats, photos, témoignages. Il l’avait demandé à Julia Dannath fin janvier. «There is so much evidence that I have not had the chance to show you», écrit-il dans un e-mail à la vice-présidente de l’EPFZ. Dannath lui assure que le rapport final de l’ensemble des investigations sur le cas Crowther sera rédigé de manière équitable. Ce document devrait être publié dans les semaines à venir.»
La NZZ, au vu du déroulé des procédures et publications, des interdictions de parole et de défense, se demande: «le professeur avait-il seulement une chance équitable de se défendre ?»
«Ce cas montre que les universités peuvent très vite se retrouver en difficulté lorsqu’elles doivent lutter contre de graves accusations portées en public contre un cadre supérieur. […] Après l’article de Tamedia cet été, l’ETH aurait pu garder son calme et analyser la situation avec précision. Elle a opté pour une autre voie. Au final, cette histoire ne laisse que des perdants : les journaux de Tamedia, qui pensaient avoir découvert un scandale et qui ont échoué en justice avec leur thèse. L’EPF de Zurich, qui a mené des enquêtes douteuses et qui ne cesse d’avancer de nouveaux arguments contre Crowther. Les collaborateurs du Crowther Lab, qui doivent se trouver un nouvel encadrant ou qui vont perdre leur emploi. Et Tom Crowther, un chercheur autrefois sollicité, qui doit tout recommencer à zéro», conclut l’article de la NZZ.
7 Mar 2025
«Chaque année, la police cantonale vaudoise enregistre «une centaine» de plaintes liées au phénomène de la haine en ligne. Pour s’adapter à ce fléau, l’Université de Lausanne a présenté jeudi soir son plan d’action pour prévenir et lutter contre les violences en ligne. Ces mesures sont un renforcement du dispositif Aide UNIL, lancé il y a tout juste deux ans, en réponse à une enquête faisant état de 150 actes pénalement répréhensibles sur le campus. […] [L]’université ajoute à ce dispositif une task force pour traiter les situations, une veille sur les réseaux sociaux, ainsi que l’intégration de la thématique dans les formations obligatoires aux nouveaux membres du corps académique. Des ateliers consacrés à toute la communauté seront organisés dès la rentrée prochaine.»
7 Mar 2025
«Le directeur des HUG, Robert Mardini, veut opposer «une culture d’intégrité» au harcèlement sexuel et aux comportements inadéquats dont ont été victimes des collaborateurs de l’institution»
5 Mar 2025
Le Collectif Dulifera demande à l’Université d’appliquer son code de conduite et une pratique de zéro tolérance par rapport à deux professeurs qui sont accusés d’abus de pouvoir et de violence sexualisés. «[N]ous demandons une protection conséquente des victimes plutôt que des agresseurs·euses : une communication transparente, des mesures concrètes de prévention et une réflexion autocritique sur les structures de pouvoir fondamentales à l’université qui facilitent et masquent la violence sexualisée.»
5 Mar 2025
«Après le CHUV, c’est au tour des HUG de prendre des mesures pour lutter contre le harcèlement sexuel. Son nouveau directeur a annoncé mardi au personnel renforcer les plateformes d’alerte et rendre obligatoire certaines formations de sensibilisation.»
27 Fév 2025
«Suite à l’enquête de Temps Présent révélant des cas de harcèlement sexuel, de chantage et d’abus de pouvoir par certains chirurgiens et chefs de service, le Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) annonce mercredi avoir pris des mesures, dont la création d’une cellule dédiée.»
10 Fév 2025
Suite à la récente étude sur le harcèlement sexuel et sexiste menée au sein de la HES-SO, qui révélait que «le problème reste bien réel, et concerne une part importante de la société», la rectrice de la HES-SO et présidente de Swissuniversities Luciana Vaccaro annonce qu’elle va travailler en étroite collaboration avec les associations estudiantines pour pallier le problème. Elle ajoute qu’«il reste nécessaire d’améliorer la confiance [dans le cadre universitaire] qui permettra à toute personne de défendre ses droits» lors d’un cas de harcèlement. La rectrice et présidente défend également dans sa tribune «la politique volontariste» qui anime les universités, puisque ces dernières sont «un lieu de formation et de dialogue», ancré «au cœur –à la pointe même– de l’évolution de la société». Pour elle, les universités doivent rester des espaces de débat, mais dans le respect de l’intégrité d’autrui.
24 Jan 2025
«Rectrice de la HES-SO, Luciana Vaccaro évoque l’en- quête sur le harcèlement sexuel menée au sein de l’institution. Et livre un plaidoyer pour les relations avec l’UE.»
20 Jan 2025
Un enquête révèle que plus d’un quart des étudiant·es et du personnel de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) a subi un harcèlement sexiste ou sexuel au cours des 12 derniers mois. L’enquête a été mandatée par la HES-SO, et réalisée par l’institut MIS Trend auprès de l’ensemble des étudiant·es et du personnel, soit environ 42’000 personnes. «Les étudiantes sont les plus confrontées aux comportements harceleurs: 58% d’entre elles ont été la cible d’au moins une des situations listées dans le questionnaire. Il s’agit notamment de remarques dégradantes, de messages non sollicités à nature sexuelle, d’allusions, de sifflements ou de contact corporel non désiré.» (RTS) «La HES-SO, c’est une communauté de 40’000 personnes qui sont aussi le reflet de la société», souligne Luciana Vaccaro, rectrice de la HES-SO, dans l’émission Forum (RTS).
L’institution a pu constater que ses mesures déjà mises en place étaient peu connues des étudiant·es (16%). Elle souhaite ainsi les renforcer, en plus de faire un effort sur leur communication. Une nouvelle enquête sera réalisée en 2027, afin de vérifier la pertinence des nouvelles mesures mises en place pour contrer le phénomène.
17 Déc 2024
Il y a un peu plus d’un mois, un reportage de la SRF rapportait que deux professeurs accusés d’agressions sexuelles en 2018 et 2019 auraient été protégés par l’Université de Bâle. Il y a quelques jours, des activistes du groupe Revolutionäres Antipatriarchales Bündnis Basel (RAB) ont accroché des affiches avec les noms et les visages des professeurs concernés. Ils·elles manifestent ainsi leur désaccord avec la politique de l’Université, qui a laissé en poste les deux professeurs, moyennant un avertissement et une menace de licenciement.
En tant qu’«institution de droit public», l’université n’a pas de liberté de licenciement comme dans le secteur privé, explique la vice-rectrice de l’université Nadja Braun-Binder (Basler Zeitung). La vice-rectrice ajoute «de mon point de vue, dans les deux cas, l’université n’avait pas du tout la possibilité juridique de licencier les professeurs».
Les identités des professeurs étant désormais connues de nombreux·ses étudiant·es suite à l’action d’affichage, leurs cours sont dorénavant parfois boycottés.
25 Nov 2024
Début novembre, un reportage de l’émission Kassensturz de la SRF rapportait que deux professeurs accusés d’agressions sexuelles en 2018 et 2019 auraient été protégés par l’Université de Bâle. Ils continuent actuellement de faire de la recherche et d’enseigner. Les faits dérangent et inquiètent des étudiant·es bâlois·es, aujourd’hui en manque de confiance envers leur institution.
Selon le collectif Dulifera, qui s’est formé il y a deux ans suite à un des deux cas, les changements mis en place par l’université ne suffisent pas. Il faudrait que l’université se penche plus sérieusement sur le passé avant de se tourner vers le futur. Le collectif demande, entre autres, que «ces personnes [les professeurs accusés] ne soient plus autorisées à enseigner». Depuis la dénonciation des deux cas, l’Université avait pris différentes mesures : elle dispose d’un nouveau règlement sur la protection de l’intégrité personnelle et d’un code de conduite, un service de coordination «Intégrité personnelle» a également été créé. Quant à la décision de laisser les chercheurs continuer à enseigner et faire de la recherche, l’Université indique qu’elle a suivi les recommandations que l’enquêteur externe avait faites à l’époque.
L’Université de Bâle a confirmé à Watson qu’elle a sciemment renoncé à communiquer les cas de harcèlement sexuel faisant l’objet de l’enquête. Elle ne voulait pas créer de «précédent», car il se peut «que des personnes concernées souhaitent signaler un cas sans que celui-ci soit communiqué par la suite». L’Université a également déclaré qu’elle pouvait retenir ces informations si un intérêt privé s’opposait à l’intérêt public, invoquant la loi cantonale sur l’information et la protection des données.
Brigitte Tag, professeure de droit pénal à l’Université de Zurich,«estime qu’il est correct que le public n’ait qu’un aperçu limité des enquêtes sur le harcèlement sexuel et que l’Université de Bâle ait d’abord fait clarifier juridiquement si et dans quelle mesure elle devait publier les rapports d’enquête sur les deux cas. […] Mais si des rumeurs se répandent à l’université et créent un climat de travail et d’études malsain, elle estime qu’une information objective de la part de la direction de l’université ou de la direction de l’institut est juste.» (Watson)
Brigitte Tag précise que «les hautes écoles concentrent plusieurs facteurs de risque qui favorisent les agressions : conditions d’emploi précaires, rapports de dépendance importants, structures hiérarchiques.» Il y a un peu moins d’un an avait été lancée une journée d’action contre le harcèlement sexuel, le «Sexual Harassment Awareness Day», dans les universités suisses.
Depuis 2020, deux autres plaintes pour harcèlement sexuel ont été déposées à l’Université de Bâle. «[C]es cas devraient également rester invisibles jusqu’à ce que les personnes concernées les rendent publics.» (Watson)
11 Nov 2024
La pétition «WeAreShocked», lancée à l’EPFZ suite à l’inaction de l’institution pour des cas de mobbing, harcèlement et discrimination a récolté plus de 1300 signatures et a été remise vendredi dans les mains de deux représentants de la direction lors d’une manifestation réunissant une centaine d’étudiant·es et chercheur·euses. Elle demande à l’institution de prendre ses responsabilités, en agissant rapidement.
Voici quelques revendications de la pétition citées dans l’article du Tages-Anzeiger :
«Nous avons le même objectif», a déclaré Stefan Spiegel, vice-président Finances et controlling de l’EPFZ, en recevant la pétition. Il a également remercié les organisatrices. Interrogée par le 19h30, Julia Dannath, vice-présidente Développement personnel et leadership, a pourtant contesté les accusations. Elle affirme que l’institution «a déjà pris des mesures nécessaires» et que «les procédés auraient déjà changé». Elle réfute également ces accusations dans les colonnes de la Neue Zürcher Zeitung.
Un critique principale de la pétition porte notamment sur le fait que l’université n’agit pas en cas d’informations anonymes. Pour les auteur·es de la pétition, les procédures des universités de Lucerne et du Contrôle fédéral des finances (CDF) seraient des bons exemples à suivre. Dans les deux institutions, révèle la Neue Zürcher Zeitung, des informations anonymes sur des dysfonctionnements ne seraient pas une raison pour ne pas enquêter sur ces signaux en présence d’indices suffisants. Interrogée, Julia Dannath dit qu’elle est ouverte à cette idée.
Lukas Rich, avocat spécialisé en droit administratif public, soutient l’EPFZ (Aargauer Zeitung) dans sa démarche actuelle. L’homme de loi déclare que « l’EPFZ a déjà mis en place de bons processus internes pour les cas mentionnés ». Il précise également que si l’EPFZ devait sanctionner des professeurs fautifs, les victimes n’auraient d’autre choix que de révéler leur identité. Une fois l’identité levée, les sanctions de l’institution envers le·a professeur·e concerné·e peuvent aller de la réduction de salaire au licenciement. En 160 ans, l’EPFZ n’a licencié qu’une seule professeure, accusée de mobbing.
6 Nov 2024
Après avoir quitté l’université, deux anciennes étudiantes ont porté plainte pour harcèlement sexuel à l’encontre de leurs professeurs respectifs en 2018 et 2019 . Elles accusent aujourd’hui l’Université bâloise d’avoir protégé les auteurs des actes, sans avoir protégé les victimes. Elles n’ont pas eu accès aux dossiers et rapports d’enquêtes, ou seulement contre signature d’un engagement de confidentialité.
La première étudiante était dépendante de son professeur car il était responsable de l’évaluation de son travail de master. Il lui a également proposé une place de doctorante par la suite, que la jeune femme a accepté, espérant faire une carrière académique. Un rapport d’enquête, tenu secret jusqu’à aujourd’hui, montre que le professeur aurait abusé de son pouvoir, en profitant de sa position de directeur de thèse pour la « persuader d’avoir des relations sexuelles ». La SRF a exigé le rapport dès 2020, se référant à la loi sur la transparence. L’université de Bâle s’y est d’abord opposée, jusqu’à cas ce que la cour d’appel de Bâle-Ville statue en faveur de la SRF.
L’autre étudiante aurait subi un sort similaire. Le professeur dont elle était l’assistante aurait cherché des rapprochements physiques et fait des propositions indécentes. Après avoir porté plainte, elle n’a pu avoir accès à son dossier seulement après signature d’un engagement de confidentialité.
Les deux professeurs auraient à ce jour reçu des avertissements de l’Université de Bâle, ainsi que des menaces de licenciements en cas de récidive.