Le Fonds national suisse (FNS) dispose d’héritages et de dons privés d’une valeur de plus de 135 millions de francs. Régulièrement, des personnes lèguent au FNS des sommes importantes dans l’objectif de soutenir des projets de recherche. Le FNS compte au total 15 héritages et dons de ce type dans ses caisses. Dans un cas, le don remonte à il y a 50 ans et n’a pas été touché. Au cours des derniers douze années, le FNS n’a financé aucun projet de recherche avec les dons.
En conséquence, la fortune totale de ces fonds ne cesse d’augmenter. Alors qu’en 2010, elle s’élevait encore à 55 millions de francs, aujourd’hui elle atteint déjà 137 millions. L’augmentation est due d’une part aux revenus de la fortune et aux gains de change et d’autre part à de nouvelles donations qui ont été faites au cours de ces dernières années.
La directrice du FNS, Angelika Kalt défend cette politique de retenue : Premièrement, les dons privés ne peuvent être utilisés que pour des domaines de recherche qui correspondent à la volonté des donateur-trices qui ont défini, parfois très étroitement, le but de l’utilisation. De plus, les testateur-trices et donateur-trices auraient confiance dans le fait que le FNS n’encourage avec leur argent que des «projets exceptionnels», argue-t-elle. «Ces dernières années, tous les projets qui méritaient d’être soutenus ont été financés avec des fonds de la Confédération.» L’utilisation supplémentaire de fonds privés n’était donc «pas justifiée». Mais l’exclusion de la Suisse du programme de recherche Horizon Europe de l’UE va probablement aussi renforcer la demande de fonds du FNS. «C’est pourquoi nous devons réfléchir à la manière dont nous pourrons à l’avenir utiliser davantage les fonds privés», explique Angelika Kalt. Un concept est en cours d’élaboration à cet effet.
Dans le site web Weltwoche Daily, Christoph Mörgeli, [anciennement professeur à l’Université de Zurich,] écrit que «La déclaration de la directrice du FNS ne peut être interprétée que de deux manières : Soit les projets des 14.000 scientifiques soutenus sont tous «exceptionnels». […] Mais cela est très, très improbable pour 14.000 personnes. Ou alors, les 14.000 scientifiques soutenus par l’argent des contribuables et leurs projets ne sont justement pas «exceptionnels» et ne peuvent donc pas correspondre à l’objectif des fondateurs, donateurs et testateurs privés. Les deux variantes soulèvent des questions.»