Des critiques émergent contre la tendance à l’anglicisation de la recherche scientifique, qui porterait comme dangers l’appauvrissement cognitif et la perte d’identité culturelle. Antonio Loprieno, ancien recteur de l’Université de Bâle, nuance de telles critiques en n’opposant pas aussi fondamentalement l’anglais et les autres langues régionales. Le contexte actuel de communication dans la science et dans d’autres domaines est en effet marqué par la distinction entre une langue commune, qui suit des standards linguistiques dépassant les frontières et mêlant les cultures, et des dialectes à la résonance communicative limitée mais qui reflètent mieux les valeurs sociétales ancrées localement. Plutôt que de considérer que cette distinction produit une lutte entre deux parties, Antonio Loprieno propose de voir le passage de l’une à l’autre, et inversement, comme l’effet d’une « main invisible ». Si l’anglais permet d’être plus visible à l’international, il est important de préserver les langues nationales dans les universités afin de répondre à des besoins locaux en connaissances scientifiques. Le global n’étant pas plus important ou témoin d’une plus grande qualité que le local, il n’existe ainsi « pas de conflit entre l’anglais et les autres langues culturelles, mais seulement des horizons de répercussions différents, dont la délimitation est transformée en continu. »