«Les universités américaines, qui sont au centre de débats toxiques sur la liberté d’expression et la diversité, souffrent d’une crise de légitimité qui a également placé la fonction présidentielle [du recteur ou de la rectrice] sous un microscope. Le poste de président est depuis longtemps source de frustrations. Au-delà de l’utilisation de l’argent des donateurs et de quelques décisions importantes en matière de recrutement, les présidents d’université exercent étonnamment peu de pouvoir officiel.»
Le travail d’un président ou une présidente consiste à «satisfaire une équipe hétéroclite de parties intéressées» devient plus difficile, voire impossible: les étudiants les «bousculent», les donateurs se font plus entendre.
L’une des options consiste à repenser les fonctions du président. Cela pourrait impliquer de limiter leur capacité à faire des déclarations politiques, ou de «renforcer leur obligation de mérite et de liberté d’expression». Les conseils d’administration sont toutefois plus susceptibles d’aborder le problème par le biais de leurs nominations présidentielles que par une modification de la Constitution.
Certains considèrent qu’il serait intéressant de choisir «un homme d’affaires» pour la présidence, particulièrement pour gérer les excès de bureaucratie «qui touchent beaucoup d’universités», mais les entreprises américaines ne se sont pas montrées plus aptes à naviguer dans les guerres culturelles toxiques du pays. «Un-e ancien-ne politicien-ne, une autre possibilité, peut savoir comment faire des cadeaux aux donateurs et s’acoquiner avec les journalistes, mais il serait un paratonnerre pour les critiques des partisans du parti qu’il ne représente pas. Dans les deux cas, l’outsider aura du mal à gagner le respect de la faculté avec laquelle il doit travailler.»
«La vérité est que l’origine des candidats n’est pas le problème. Une crise d’identité engloutit les universités américaines. Elles sont déchirées entre leurs responsabilités en matière d’apprentissage et de justice sociale – et c’est une tension que tout président aura du mal à résoudre. Cette situation est porteuse d’enseignements plus larges pour toutes les organisations. Les institutions qui ne s’appuient pas sur un objectif clair, qu’il s’agisse de la recherche du savoir ou de la recherche du profit, sont vouées à des crises périodiques. Même le capitaine le plus habile aurait du mal à diriger un tel navire.»