La prestigieuse Université Tartu n’accèpte pour l’année académique 2022/23 plus l’inscription d’étudiant-e-s de provenance russes ou biélorusses. Sa vice-rectrice Aune Valk a déclaré «Nous ne pouvons pas être sûrs que les autorités russes et biélorusses n’essaieront pas d’envoyer dans les universités estoniennes des personnes dont le séjour a d’autres objectifs que la libre activité académique.» Selon les médias estoniens, d’autres universités prévoient des mesures similaires, comme la Tal Tech, Ecole polytechnique de Tallinn.
Mart Kalm, recteur de l’académie estonienne des beaux-arts et président de l’association des hautes écoles, écrit dans un communiqué que la communauté académique a une obligation morale de s’engager pour la paix et pour les droits démocratiques et académiques. En Russie et Biélorussie, les universités «se taisent» sur la guerre, alors que plusieurs académiques se sont prononcés contre dans un lettre ouverte. C’est pour cela, qu’il a été décidé de suspendre la collaboration institutionnelle.
Selon l’auteur de l’article, «Cette argumentation semble certes cohérente [«stringent»], mais elle se heurte aussi à une forte opposition dans les milieux universitaires estoniens ainsi que dans la société en général. L’argument principal est qu’il ne s’agit pas seulement d’une discrimination en raison de la nationalité, mais que la mesure touche aussi les mauvaises personnes. En effet, ce sont en général les jeunes qui veulent étudier à l’Ouest qui rejettent le système Poutine.»
Aune Valk admet cela, mais estime que leurs perspectives d’avenir sont bien plus affectées par la décision de la Russie de déclencher une guerre que par la décision d’une université estonienne de ne pas les accueillir temporairement.
Ivar Jukham, étudiant en Master à l’Université de Tartu, n’est pas d’accord avec ce plan.
«Il faut s’opposer à Poutine, pas aux jeunes Russes. Un passeport estonien n’est d’ailleurs pas une garantie de patriotisme. Croire que l’on peut empêcher les partisans de Poutine d’entrer à l’université en interdisant aux jeunes Russes d’y étudier est ridicule.»
Une lettre ouverte de l’association d’étudiant-e-s et d’alumni adressé à la Direction de l’Univertsité de Tartu va dans la même direction: «Il ne faudrait pas confondre la citoyenneté et le soutien à la guerre de Poutine en Ukraine. L’exclusion des étudiants russes et biélorusses pourrait au contraire servir à la propagande du Kremlin. A notre connaissance, aucune autre université européenne ne réfléchit à des mesures similaires. Il s’agit d’un dangereux précédent qui met en danger la liberté académique et la réputation de l’Université de Tartu.»