Pascal Hirschi, professeur d’histoire à l’Université de Saint-Gall, rappelle que le débat sur la liberté académique n’a rien de neuf. «L’Allemagne était convaincue que la science et la politique pouvaient être soigneusement séparées. Les libéraux suisses étaient moins puristes. Pour eux, la liberté académique était aussi un instrument permettant d’imposer leur agenda progressiste contre les forces conservatrices et ecclésiastiques.»
Moins brutal qu’à l’époque du Putsch de Zurich 1839, «les positions [à l’heure actuelle] sont autant plus confuses. Au lieu de critiquer la Bible, les amis des Palestiniens veulent bannir le sionisme de l’université et leurs plus farouches opposants le post-colonialisme. Les deux groupes invoquent la liberté de la science, le premier en surchargeant le concept de manière politique, le second de manière puriste. Pour renforcer la liberté de la science, nous aurions besoin aujourd’hui de plus de libéraux conséquents comme le conseiller d’Etat Charles Neuhaus [qui s’opposait à l’idée d’avoir des professeur-es qui sont des «simples valets»] et de chercheurs audacieux comme le critique biblique [David Friedrich] Strauss» qui, en 1839, avait interprété les miracles de Jésus comme des mythes en utilisant des méthodes philologiques et critiques, provoquant la colère des théologiens fidèles à la Bible.
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