«Les étudiants ayant des liens avec le Parti communiste chinois ou inscrits dans des filières sensibles sont dans le viseur de Washington.»
30 Mai 2025
30 Mai 2025
«Les étudiants ayant des liens avec le Parti communiste chinois ou inscrits dans des filières sensibles sont dans le viseur de Washington.»
18 Mar 2025
Dès la rentrée d’automne, les cours de tibétain et de mongol seront supprimés à l’Université de Berme. «Le service de presse justifie cette réorientation par une baisse du nombre d’étudiant·es. De plus, l’apprentissage du tibétain ou du mongol est «très difficile». Il y aura cependant toujours un pôle de recherche sur l’histoire des idées du bouddhisme indo-tibétain.» «L’Internationale Vereinigung für Tibetische Studien a réagi dans une lettre avec une «profonde inquiétude» : selon l’association, les institutions académiques devraient résister à la «pression politique» de la Chine visant à réduire la présence du Tibet dans le discours académique international. L’Université de Berne, quant à elle, nie que la pression chinoise ait joué un rôle dans l’abandon de la tibétologie.» Depuis peu pourtant, l’université propose à ses étudiant·es «Langue et société chinoises» comme branche secondaire.
Ulrike Roesler, professeur d’études tibétaines et himalayennes à l’université d’Oxford, refuse l’argument de la difficulté de la langue. «Enfin, il serait impensable que des universités proposent des cursus en sciences islamiques sans l’arabe ou en histoire chinoise sans le chinois, car ces langues sont trop difficiles. En somme, la décision est «extrêmement myope» et «particulièrement décevante» pour un pays qui a été un pionnier dans le soutien et l’étude de la culture tibétaine».
12 Mar 2025
Dans le cadre de la sortie du film «Blame» (avril 2025) du cinéaste et producteur suisse Christian Frei, la NZZ am Sonntag a interviewé le réalisateur aux côtés du zoologiste anglo-américain expert des maladies infectieuses transmises par les animaux aux humains Peter Daszak et du virologue suisse Volker Thiel, ancien membre de la task force Corona. Avec «Blame», Christian Frei se penche sur les accusations, théories du complot et de la géopolitique sur l’origine du coronavirus (controverse aujourd’hui toujours pas résolue), afin de mette en lumière le rôle de la science dans les périodes sombres.
Peter Daszak avoue dans l’article avoir été et continue d’être accusé d’avoir contribué à la création du coronavirus. Il reçoit ainsi souvent des menaces de mort et vit avec sa famille au sein d’un réel dispositif de sécurité. Il estime que ses détracteur·ices veulent le faire taire. «J’ai été démis de mes fonctions de président. Ma carrière est détruite. C’est une forme de terrorisme silencieux», lâche-t-il.
Selon Volker Thiel, il n’existe de preuves pour l’origine du virus ni pour l’hypothèse de la contamination par le marché, ni pour l’hypothèse du laboratoire. Même si la première hypothèse lui semble plus probable, il ne peut toutefois pas, en tant que scientifique, exclure complètement l’autre thèse. «Le problème, c’est que notre société ne peut pas accepter cette réponse. Nous ne voulons pas de probabilités, mais seulement du noir ou du blanc, du oui ou du non. Et celui qui a une autre opinion devient un ennemi. Tant qu’il n’y a pas de preuves claires pour aucun des scénarios, personne ne devrait être cloué au pilori», raconte-t-il.
Alors qu’un manque de transparence de la part des laboratoires chinois est pointé du doigt, Peter Daszak explique : «Au début de la pandémie, la Chine a été très transparente. […] La politique d’information a changé lorsque Trump a commencé à parler de «virus chinois» dans le cadre des demandes de paiement de réparations.» Conséquence ? «Les chercheurs chinois sont devenus beaucoup plus nationalistes, ils publient à nouveau davantage dans des revues chinoises et recherchent moins la collaboration. C’est une véritable perte, y compris pour la sécurité mondiale.»
De son coté, Christian Frei explique que «nous vivons à une époque d’inversion perfide et paranoïde de la vérité», dans laquelle «nous perdons tous nos repères dans [un] brouhaha». Il ajoute : «Les scientifiques sont victimes d’une nouvelle économie de l’attention qui ne vise que les clics. Réduire des relations complexes à des réponses simples est tout simplement impossible. En même temps, les scientifiques sont désagréables pour tous ceux qui utilisent des récits pour faire de la politique.»
Volker Thiel avance qu’en Suisse, «celui qui s’expose trop sur les médias sociaux se fait insulter ou même menacer». Il ajoute: «La grande question pour moi est de savoir comment la politique européenne va réagir : Va-t-elle continuer à soutenir la science ou la combattre à l’avenir, comme le fait actuellement le gouvernement américain?»
21 Fév 2025
L’Université de Berne supprime l’enseignement de la langue et de la culture tibétaines et mongoles à cause du faible nombre d’étudiant·es pour la spécialisation «dans le cadre d’un professorat arrivant à échéance». L’Université de Berne souhaite réorganiser la Faculté d’histoire et de philosophie, en particulier son département des sciences des religions, auquel se rattachait la tibétologie, vers une recherche «empirique» des sciences des religions ayant «un lien avec le présent et une pertinence pour la société». Cela répondrait à la fois à des considérations scientifiques et à «un grand intérêt» chez les étudiant·es.
«On n’a pas renouvelé mon contrat», confirme Yannick Laurent, l’actuel chargé des cours (Sprachlektor) de tibétologie. Le nombre d’étudiants, selon lui, est stable, «entre cinq et dix» par année pour huit à dix heures de cours par semaine, ce qu’il juge comparable à ce qui se pratique dans d’autres universités européennes.
Selon l’article du Temps, la disparition de la tibétologie en Suisse s’inscrit dans le contexte particulier, celui d’une offensive des autorités chinoises pour supprimer la notion de Tibet qui, depuis 2023, est interdit en Chine suite à la promulgation d’une nouvelle loi. Pékin fait également pression à l’étranger pour imposer la toponymie chinoise Xizang.
6 Fév 2025
La journaliste Anna Weber souligne dans son article l’importance de la collaboration internationale dans la recherche. Une telle coopération entre des universités américaines et chinoises aurait par exemple mené à la découverte de l’importance de la prise d’acide folique pendant la grossesse pour prévenir, dans 75% des cas, une malformation congénitale (le spina-bifida).
L’autrice regrette les pressions sur la collaboration internationale, que ce soit avec la Russie, la Chine ou avec l’Union européenne. Par exemple des lois anti-espionnage strictes permettent au régime chinois de criminaliser pratiquement tout transfert de données à l’étranger et depuis 2023, les chercheurs de l’étranger n’ont plus accès à la principale base de données académique de Chine. Autre exemple, «l’angle mort» de la recherche climatique en arctique: la moitié de l’arctique étant russe, les collaborations et l’accès aux données ne sont plus garanties suite aux sanctions contre la Russie depuis la guerre en Ukraine.
«La question désagréable devrait être posée beaucoup plus souvent lors des décisions politiques : Combien de progrès scientifiques sommes-nous prêts à abandonner pour protéger des intérêts économiques ou géopolitiques ? […]
Il existe de nombreuses raisons de limiter la collaboration entre les scientifiques. Parfois, il s’agit de donner un signal. Parfois, il s’agit de la sécurité nationale. Après tout, de nombreuses technologies et découvertes scientifiques n’ont pas seulement une utilité civile, mais éventuellement aussi militaire. Et parfois, il s’agit de la suprématie économique. Car la connaissance des dernières avancées dans le domaine de la haute technologie, de la médecine ou de l’intelligence artificielle est depuis longtemps un facteur économique décisif. Tous ces arguments ont leur raison d’être. Mais ils doivent être mis beaucoup plus en rapport avec les coûts qu’entraînent les restrictions de la coopération scientifique. […]
Chaque restriction de la coopération ralentit l’avancée des connaissances ; de l’argent et du temps sont gaspillés pour réaliser des expériences dont le résultat est connu depuis longtemps ailleurs dans le monde ; des vies ne sont pas sauvées parce que la découverte décisive est retardée.»
3 Fév 2025
Comme le rapportait en décembre dernier une enquête de SWI swissinfo.ch, le durcissement des conditions d’admission de l’ETHZ afin de lutter contre l’espionnage suscitent la peur et la colère d’étudiant·es chinois·es.
L’ETHZ avait dévoilé, fin octobre, les contrôles de sécurité qui seraient dorénavant effectués sur les candidatures d’étudiant·es étranger·ères de certains pays. Afin de respecter la loi fédérale suisse sur le contrôle des biens à double usage, des biens militaires spécifiques et des biens stratégiques et la loi fédérale sur l’application des sanctions internationales, «l’institution est tenue de minimiser le risque de fuite de technologies et de connaissances susceptibles d’être utilisées à des fins militaires vers des pays faisant l’objet de sanctions internationales».
Le contrôle de sécurité de l’institut est basé sur quatre critères : le pays d’origine, la provenance d’un établissement présentant un risque pour la sécurité, les financements par le biais d’une bourse d’un pays sanctionné ou de sources douteuses, le domaine d’études. Le premier critère est le plus controversé : «Nous ne savons pas comment l’EPFZ définit la ‘biographie’», déclare un étudiant chinois. «En outre, tous les candidats d’une liste de 17 établissements d’enseignement chinois, 16 russes et 7 iraniens qui sont considérés comme un « risque pour la sécurité » doivent faire l’objet d’un contrôle.»
Presque tous les domaines d’études de l’ETHZ sont concernés, du fait qu’ils puissent également être utilisés à des fins militaires.
Le nombre d’étudiants chinois a augmenté fortement ces dernières années : entre 2010 et 2023, ce nombre est passé de 271 à 1362 à l’ETHZ, et de 139 à 598 à l’EPFL. Pourtant, le taux d’acceptation des candidat·es chinois·es aux masters de l’EPFL a considérablement diminué au cours de ces années, passant de 44% à 12% entre 2014 et 2024. Un taux inférieur au taux d’acceptation international (21%). L’EPFZ n’a pas fourni de statistiques sur ce taux.
Finalement, alors que de nombreux·euses étudiant·es chinois·es voient les études à l’étranger dans des pays occidentaux comme un moyen de fuir un pays autoritaire, le porte-parole de l’EPFL, Emmanuel Barraud, a affirmé: «les candidatures des étudiants étrangers sont évaluées sur la base de multiples critères, parmi lesquels les capacités sont primordiales, car cela évite que notre école ne soit utilisée comme un ‘refuge politique’ pour les personnes qui n’ont pas les qualifications nécessaires pour suivre nos cours.»
10 Jan 2025
Les hautes écoles suisses bénéficient de l’expertise d’étudiants et de chercheurs du monde entier. Mais la recherche de pointe est aussi un terrain fertile pour les activités d’espionnage et les sociétés de couverture, comme celle du ressortissant iranien qui utilisait sa start-up sur le campus de l’EPFL pour livrer le système de navigation pour un drone dans son pays qui a ensuite été utilisé pour tuer trois militaires américains dans une base en Jordanie. Cette technologie de navigation était à double usage et l’EPFL ne savait pas qu’elle allait être utilisée à des fins militaires.
Les services secrets étrangers profiteraient de notre faible défense contre l’espionnage, estime l’historien Adrian Hänni, spécialisé en histoire des services secrets. «Dans le domaine du contre-espionnage, il y a peut-être quelques dizaines de fonctionnaires à Berne qui doivent faire face à cette menace et beaucoup de mesures sont plutôt édentées». Le cas actuel de l’EPF-Lausanne montre justement à quel point l’Iranien Mohammad A., accusé, a agi en dilettante, dit-il.
A l’Université de Graz, les demandes de coopération jugées peu sérieuses venant de scientifiques de l’EPFZ sont envoyées directement au service de renseignement autrichien, notamment dans le contexte du risque potentiel d’influence des services de renseignement chinois sur la recherche en Europe.
10 Jan 2025
Entre 2010 et 2023, le nombre d’étudiant-es venant de pays «à risque» est passé de 271 à 1362 à l’EPFZ, et de 139 à 598 à l’EPFL. Un grand nombre de ces personnes sont d’origine chinoise.
L’EPFZ a récemment communiqué selon quels critères les étudiant-es, les membres de la faculté ou les professeurs invités pourraient avoir accès aux technologies clés lors de leur séjour à l’EPF, à partir du semestre d’automne 2025. Ce contrôle de sécurité de l’institut se base sur quatre critères : origine, parcours professionnel, bourse(s), filière d’études. Selon les recherches de la journaliste Ying Zhang, autrice de l’article, cela fait plusieurs années déjà que l’EPFZ applique des tels critères de sélection, mais ce processus n’était pas explicite.
A l’EPFL, le taux d’admission des candidatures chinoises aux programmes de master a considérablement baissé au cours des dix dernières années, passant de 44% à 12% entre 2014 et 2024, ce qui est désormais bien inférieur à la moyenne internationale de 21%. L’ETH Zurich n’a pas fourni de statistiques sur le taux d’admission des étudiant-es en provenance de pays soumis à un contrôle de sécurité.
Des tels «screenings» deviendraient de plus en plus courant en Europe, comme par exemple en Grande-Bretagne. «Compte tenu du contexte géopolitique actuel et de la polarisation croissante, il est « très probable que davantage d’universités européennes mettront en place des mécanismes de screening, car la science et la technologie deviennent des facteurs et des instruments clés dans la lutte pour le pouvoir au niveau mondial », explique Jean-Marc Rickli, chef de la filière «Risques globaux et émergents» du Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP).
Ying Zhang a interrogé interrogé plusieurs-es personnes qui ont critiqué cette pratique, perçue comme une limite la liberté académique.
8 Nov 2024
L’EPF, craignant que des connaissances utilisables à des fins militaires ne tombent entre de mauvaises mains, a récemment restreint les règles d’admission aux études pour les ressortissants de 23 pays «à risque». Dans certains domaines scientifiques, il existe un «risque de transfert illégal de connaissances» ou d’«abus à des fins de propagande , avait déclaré à Tamedia le politologue bâlois et expert de la Chine Ralph Weber. Par ailleurs, «apparemment pas pour des raisons politiques, mais plutôt pour des raisons économiques» que la Haute école des arts de Zurich (ZHDK) a récemment mis fin à sa collaboration avec la Shenzhen International School of Design (SISD) – alors qu’elle avait elle-même cofondé l’institut.
A l’Université de Bâle, il existe actuellement deux coopérations avec des institutions chinoises, dans les sciences de l’environnement ainsi que dans le domaine de l’anglais – et aussi seulement deux chargé-es de cours de nationalité chinoise. L’université n’est «pas très exposée» en matière de coopération avec la Chine, écrit le porte-parole de l’université Matthias Geering. Il faut surtout voir cela en comparaison avec d’autres universités suisses.
L’EPFZ, par exemple, compte un nombre d’étudiant-es chinois-es et de coopérations officielles avec des universités chinoises qui est bien plus élevé qu’à Bâle. Pourtant, «en raison de l’évolution politique en Chine et de la gestion restrictive de la pandémie Covid-19», à Bâle la coopération et les échanges avec ce pays ont «aussi fortement diminué ces dernières années». Par exemple dans le domaine médical. Au niveau individuel, une collaboration avec des scientifiques chinois est possible. Lorsqu’il s’agit de pays tiers, c’est-à-dire de pays qui n’appartiennent ni à l’UE ni à l’espace Schengen, les dossiers de candidature sont examinés individuellement, écrit le porte-parole. On regarde en premier lieu dans quelles universités les personnes ont travaillé ou fait de la recherche auparavant. «Cela ressemble aux contrôles de sécurité effectués à l’EPF». Toutefois, presque tous les domaines de l’EPF peuvent théoriquement être utilisés à des fins militaires, contrairement à l’université de Bâle. De plus, l’ETH, en tant qu’université de pointe mondiale, a un tout autre rayonnement. L’université de Bâle devrait attirer moins de «suspects».
La HES nord-occidentale FHNW , n’entretient pas des collaborations de recherche avec la chine. Cependant, le «China Centre» de la Haute école d’économie offre un cycle de conférences et des tables rondes avec des expert-s de la Chine, des cours de chinois et des programmes d’échanges pour les étudiant-es. Son directeur évoque par ailleurs que des «background checks» sont effectués pour évaluer des collaborations potentielles.
6 Nov 2024
Fin octobre dernier, l’ETH de Zurich a renforcé ses règles d’admission en raison de suspicions d’espionnage mais aussi pour être conforme avec les sanctions imposés à 23 pays par l’ONU. Selon l’émission de la SFR, l’EPFZ doit tenir compte de ces sanctions, sinon elle risque d’enfreindre des dispositions légales. Dorénavant, l’institution soumettra les candidatures à partir du master à un contrôle de sécurité qui comprend 4 critères. Toutefois, les étudiant·es chinois·es remplissent généralement au moins 2 des critères, ce qui implique un risque de refus élevé. De ce fait, et de part l’importante population de l’ETHZ d’origine chinoise (en 2023, 1362 d’entre eux·elles ont étudié et obtenu leur doctorat auprès de l’institution), de nombreux reproches ont circulé, par exemple sur la plateforme Reddit ou sur des affiches placardées la semaine dernière dans les bâtiments de l’université.
Dans le Tagesanzeiger (05.11.2024) toujours, l’EPFZ qualifie ces reproches de déplacées. Elle «n’exclut personne sur la base de la nationalité». Chaque candidature est examinée individuellement. Le service de presse de l’institution affirme également que les autres universités du pays «saluent sa transparence à propos de ces nouvelles modalités».
La Berner Zeitung (06.11.2024) indique que l’Université de Berne renonce aux contrôles de sécurité pour les étudiant-es chinois-es. L’Université comporte toutefois quelques domaines qui pourraient nécessiter une surveillance plus accrue, comme l’institut de physique ou celui sur la recherche spatiale. Interrogée à ce sujet, la direction de l’Université ne précise pas si elle jugerait nécessaire de mieux protéger ces cibles potentielles d’espionnage ou non. La Haute école spécialisée bernoise (BFH) n’a pas non plus de tel dispositif de sécurité spécifique.
30 Oct 2024
Selon un nouveau réglèment, quatre critères sont décisifs pour déterminer si une personne peut accéder à l’EPFZ ou non. Si plus d’un est rempli, l’université recommande de refuser la personne.
Il est important de noter qu’un seul critère, comme l’origine, n’entraîne pas automatiquement le rejet de la candidature. Même si plusieurs critères sont remplis, chaque candidature est dorénavant examinée individuellement.
Selon l’EPFZ, les nouvelles règles doivent être comprises comme une réaction à l’évolution rapide de l’environnement géopolitique. L’ETH doit par exemple respecter les sanctions et les règles de contrôle des exportations. Les infractions peuvent entraîner des conséquences pénales.
En réaction, une affiche circule parmi les étudiant-es qui reproche à l’EPFZ d’instaurer ainsi une politique «Nazi».
29 Oct 2024
Suite à une analyse de risques du début de l’année 2023, la haute école des beaux-arts zurichoise ZHdK a cessé sa collaboration avec l’École internationale de desing de Shenzen. Les raisons évoquées sont les obstacles liés au droit des études et des «risques opérationnels».
En 2021, l’association d’étudiant-es Verso de la ZHdK avait déjà demandé un arrêt de la collaboration avec la haute école chinoise à cause de sa proximité militaire, craignant une instrumentalisation de l’éducation. Par ailleurs, l’état chinois serait devenu de plus en plus autoritaire depuis le début de la coopération il y a onze ans. «La liberté de recherche des enseignants-chercheurs zurichois et le risque d’être surveillé et espionné ont fait l’objet de débats récurrents», avance Raffaela Fehr, Présidente de la Commission de surveillance de l’éducation et de la santé du Conseil cantonal. Selon elle, la ZHdK n’a pas pu expliquer de manière plausible pourquoi ces doutes étaient infondés. La haute école d’art aurait, par ailleurs, subi des pressions de la part de tous les partis au parlement.
L’ancienne école partenaire chinoise réagit avec colère à ce retrait unilatéral, craignant un dommage à la réputation, et propose une collaboration réduite, une option que la rectrice de la ZHdK ne considère pas.
4 Oct 2024
Le représentant diplomatique du gouvernement taïwanais David Huang va donner une conférence avec le titre «Discover the Untold Story of Taiwan’s Sovereignty!» à l’Université de Zurich, invité par l’association étudiante Foraus.
Certain-es étudiant-es chinoise-es se sont offusqués autant par ce titre de conférence que par le fait qu’il a été présenté comme ambassadeur, soulignant que le Taiwan n’est pas reconnu comme pays souverain dans la plupart des pays. Ils et elles ont contacté leur Consulat général à Zurich et l’ambassade à Berne, qui a alors contacté le rectorat.
Suite à une demande du rectorat, l’association étudiante a alors modifié l’invitation à cet événement, présentant David Huang comme «representative».
30 Sep 2024
L’auteur de l’article «revient d’une conférence scientifique où, devant la machine à café, les participants ont abordé un sujet explosif. La Suisse accueille 4000 étudiants et chercheurs chinois dans ses universités, dans le cadre d’une relation avec Pékin traditionnellement étroite. Mais ces dernières années, une défiance est apparue, sur fond de soupçons d’espionnage et d’usage militaire des recherches. Le temps de la naïveté semble terminé.»
28 Juin 2024
«Alors que l’organisme européen peaufine le design de son Futur Collisionneur circulaire de particules, l’Académie chinoise des sciences a détaillé son projet concurrent. Un premier rapport détaillé confirme la volonté de Pékin de prendre l’Europe de vitesse»
25 Juin 2024
Les écoles polytechniques fédérales se défendent de la proposition du Conseil national, soutenue par le Conseil des États, d’augmenter les taxes d’études pour les étudiant-es étrangers et étrangères, mais «ils acceptent qu’il existe un large consensus politique en faveur d’une augmentation».
Sur la question si les EPF craignent l’espionnage chinois, et plus précisément le vol de résultats de la recherche fondamentale, le président de l’EPFZ relativise: «De toute façon, il est attendu de nous que nous publions nos résultats publiquement.» Et Martin Vetterli ajoute : «Nous ne résoudrons pas les grands défis de ce monde, comme le changement climatique et l’énergie verte, dans un pays contre un autre», nous devons le faire ensemble.
13 Mai 2024
«La Chine et les autorités de Hong Kong surveilleraient certains de leurs ressortissants qui étudient à l’étranger.» Une pratique qui toucherait également la Suisse, selon les conclusions d’un rapport publié lundi par Amnesty International.
«Porte-parole de l’ONG, Nadia Bohlen appelle les universités suisses à prendre davantage de mesures. […] swissuniversities, […] affirme de son côté ne disposer d’aucune donnée sur ce sujet.»
11 Mar 2024
En Suisse, l’intérêt pour la langue chinoise a baissé les dix dernières années et cela parmi toutes les tranches d’âge. Philippe de Korodi, Directeur général de l’école privée Champittet, dans le canton de Vaud, rappelle que pour les élèves et étudiant·es suisses et européen·nes ça représentait un atout en vue d’une perspective professionnelle. Néanmoins, en partie à cause de la difficulté à maîtriser la langue, et surtout à cause du climat géopolitique des dernières années, moins de personnes s’aventurent dans l’apprentissage du chinois.
Gérald Béroud, fondateur de SinOptic, une société d’études et de services sur la Chine basée à Lausanne, explique que «la désaffection de l’apprentissage du chinois concerne surtout l’enseignement supérieur. Elle est à l’image du changement de regard sur la Chine qui s’est développé ces dernières années.» On a pu observer, par exemple, qu’en Europe et aux Etats-Unis certains Instituts Confucius ont fermé. Celui de l’Université de Genève n’a pas subi ce sort et signale avoir aussi observé une baisse d’affluence au sein de sa plateforme: «à sa création en 2011, l’affluence a été grandissante puis s’est ensuite stabilisée dès 2018, avec une centaine d’étudiants chaque année depuis.» Au Département d’études est-asiatiques (Faculté des lettres de l’Université de Genève), la formation en études chinoises a connu également une baisse d’affluence: 17% d’inscriptions en bachelor et en master entre 2008 et 2023 de moins qu’auparavant. Claire-Akiko Brisset, Directrice du département, minimise la portée: «[d]’autres filières ont connu une désaffection beaucoup plus importante au cours de la même période au sein de cette faculté.»
26 Jan 2024
Dans le cadre d’une série (2022 Japan Day, 2023 India Day, 2025 Vietnam Day), l’Université de Zurich a organisé ce jeudi une journée de réseautage dédiée à la Chine. Parmi les invité-es se comptent l’ambassadeur chinois en Suisse et des représentants de Huawei.
L’objectif de cette manifestation est avant tout de créer des liens entre les étudiants et les anciens étudiants d’une filière de formation continue de l’université, appelée European and Asian Business Management (EABM). Ils et elles pourront ainsi nouer des contacts avec des mentors et des entreprises qui pourraient leur offrir un avenir professionnel. Quatre diplomé-es sur cinq de cette filière sont de nationalité chinoise. L’auteur de l’article soupçonne qu’il s’agit d’une action de lobbying de l’état chinois dans l’université.
Le vice-recteur Christian Schwarzenegger indique que l’université a mis en place des directives qui précisent ce à quoi il faut faire attention lors de coopérations ou de voyages de recherche en Chine. «Un service interne de contrôle des exportations est en cours de création. L’objectif est de créer une institution similaire à celle de l’EPF voisine, qui collabore déjà depuis longtemps avec des entreprises partenaires comme Huawei.»
Un autre article de la NZZ estime et conclut que la Chine lutte contre la fuite des cerveaux qui impacte l’économie et la recherche, particulièrement depuis la pandémie. «Il faut reconnaître [au chef de parti et de l’état] Xi Jinping qu’il a compris le potentiel de la technologie comme aucun autre dirigeant d’Etat – d’où les objectifs ambitieux de la Chine. Ce que l’idéologue Xi n’a pas compris, c’est l’essence même de la science et de la technologie : l’ouverture.»
17 Jan 2024
La sécurité de la recherche est un sujet de plus en plus sensible en Europe. Slaven Misljencevic, chargé de mission à la direction de la recherche de la Commission européenne, déclare: «Depuis la fin de l’année 2019 […] nous avons observé un nombre croissant de cas d’ingérence étrangère ciblant les établissements d’enseignement supérieur et les organismes de recherche de l’UE. […] C’était relativement nouveau parce qu’à l’époque, il était question de science ouverte et d’ouverture sur le monde. Soudain, nous avons été confrontés à un problème qui a peut-être été facilité par cette ouverture.» En 2021, la Commission européenne a proposé une nouvelle approche de la coopération internationale en matière de recherche et d’innovation. En janvier 2022, elle a publié des lignes directrices sur l’ingérence étrangère dans la recherche de l’UE, qui définissent des mesures sur la manière dont les établissements d’enseignement supérieur et les organismes de recherche peuvent identifier et traiter les risques d’ingérence étrangère.
La Commission travaille sur des recommandations qui visent, pour la première fois en Europe, une définition commune du problème de la coopération internationale en matière de recherche, selon le principe directeur «ouvert là où c’est possible, fermé là où c’est nécessaire».
La coopération ouverte doit rester l’option par défaut de l’Europe en matière de collaboration internationale dans le domaine de la recherche, malgré la situation géopolitique difficile actuelle, juge l’Association européenne de l’université (EUA). «L’Europe reste «assez ouverte», mais on a le sentiment que «les choses pourraient devenir beaucoup plus fermées»», déclare Thomas Jørgensen, directeur de la coordination des politiques et de la prospective à l’EUA