Présentés il y a cinq ans par les universités américaines comme une révolution pédagogique, l’emballement médiatique autour des MOOC était lancé. Présentée comme révolutionnaire aux Etats-Unis, l’absence «physique» du professeur·e inquiéta une partie des professeurs d’université. «Tout le monde est d’accord sur le fait que les cours magistraux dans des amphithéâtres bondés sont à bannir, mais les professeurs n’en sont pas moins des acteurs de théâtre qui sentent les réactions du public et pas des acteurs de cinéma», estime Pascal Engel, philosophe et Directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).
A ces critiques, d’autres enseignant·e·s répondirent que les MOOC ne devaient pas «remplacer» le professeur·e mais l’accompagner, comme une ressource supplémentaire pour construire son cours. Mais au moment où le ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur se lançait, fin 2013, dans la création d’une plate-forme de MOOC francophones, résumée à son acronyme FUN (France université numérique), les premières études vinrent donner raison aux sceptiques. Aux Etats-Unis, les taux d’abandon étaient vertigineux. Une étude de l’Université de Pennsylvanie, publiée en décembre 2013, montrait que la moitié des inscrits consultait une seule séance du cours et seuls 4 % d’entre eux allaient jusqu’au bout. Autre enseignement, une large majorité des inscrits étaient déjà diplômés de l’enseignement supérieur. Les plates-formes américaines Coursera et Udacity avaient déjà changé de modèle économique, l’une se positionnant sur les certificats payants et la revente des données des utilisateurs et l’autre sur le commerce de formation professionnelle pour les entreprises. La même tendance se fit naturellement sentir sur la plate-forme francophone.