Faut-il former les imams dans les Universités suisses? C’est la question qui a été posée durant le débat Infrarouge organisé par la Radio Télévision Suisse (RTS) (23:00-45:00).
(41:40) François Dermange, Professeur d’éthique à l’Université de Genève (UNIGE), estime que «si on a une approche rationnelle académique du religieux, c’est la meilleure chance pour l’Université et pour l’ensemble de la société, d’avoir un religieux compatible avec les valeurs qu’on défend. Nous, on pense que d’avoir une approche sur le religieux, qui soit une approche académique, permet précisément d’éviter des dérapages.»
Au niveau de la formation proposée à l’UNIGE, il déclare que «La première chose qu’on leur apprend, s’ils ne savent pas, c’est le français…c’est une volonté d’intégration…ils [les imams] ont une responsabilité envers les musulmans de la 2e et 3e génération qui ne parlent plus la langue communautaire». (26:10)
(27:30) Il ajoute: «Pourquoi c’est différent d’enseigner le français à la Maison des langues de l’Université ou à l’Ecole Migros?…Il faut avoir la subtilité de quelqu’un qui sait faire comprendre…quel sens on donne au concept de laïcité».
(29:00) «On enseigne les fondamentaux, comprendre les clés des structures fondamentales, sociale, des valeurs et puis…on donne aussi des cours de théologie de l’islam…il y a des courants parfaitement compatibles avec notre mode de vie.»
(30:00) Pour Magali Orsini, députée socialiste (PS, GE) au Grand Conseil genevois «il n’y a pas de laïcité ouverte, moderne, il n’y a que la laïcité. C’est la séparation de l’Église et l’État. L’ensemble du public finance un enseignement théologique alors qu’il y a 35% de personnes à Genève qui avouent ne faire partie d’aucune religion. Les gens qui n’ont pas de religion méritent le respect le plus total aussi».
(26:50) Sur la question des financements, Jean Romain Putallaz, essayiste, romancier et philosophe, réagit à François Dermange en déclarant que «je ne vois pas au nom de quoi c’est à l’État de financer, alors qu’il y a des communautés qui ont de l’argent, qui sont elles-mêmes très intéressées au fait que leur imam parle le français. De mon point de vue, ce n’est pas à l’Université de faire cela, c’est à des écoles privées…de prendre en charge»
(25:07) Pour Yadh Ben Achour, un juriste et universitaire tunisien, spécialiste des théories politiques islamiques et de droit public, il est important de définir l’origine des financements des imams. Selon lui «se faire financer par l’État implique des contraintes politiques. Ça devient dangereux quand l’État intervient».