«La Suisse, pays de lois et de culture, utilise-t-elle vraiment tous les leviers possibles pour contribuer à la prévention de la violence et à l’instauration de la paix ?» interroge Klaus Schönenberger, directeur du EssentialTech Centre de l’EPFL. «Il existe une ressource suisse qui reste largement inexploitée au service de la paix : Science et technologie. […] [Ces dernières] peuvent contribuer à lutter contre les trois types de violence identifiés par le chercheur Johan Galtung : la violence directe (physique, visible), la violence culturelle (idéologies d’exclusion, haine) et la violence structurelle (régimes de ségrégation, aliénation). En voici quelques exemples : Les technologies de déminage préviennent la violence directe ; les technologies de détection automatique des discours de haine permettent d’identifier la violence culturelle sur les réseaux sociaux. Pour contrer la violence structurelle qui empêche l’accès à des biens essentiels tels que l’eau, la nourriture, l’éducation ou les soins de santé, on utilise des technologies qui renforcent la résilience des victimes : Gestion des ressources en eau, éducation en ligne ou accès aux technologies médicales. Il serait naïf de croire que les solutions technologiques peuvent à elles seules résoudre les conflits armés. Elles peuvent néanmoins jouer un rôle important dans la promotion de la paix. Elles représentent un défi pour la science, car la complexité des problèmes exige une approche véritablement interdisciplinaire et intégrative. Chaque projet doit rassembler, outre les sciences « exactes » et « sociales », les bénéficiaires finaux et leurs représentants (ONG, organisations internationales). Où, sinon en Suisse, où ces acteurs se rencontrent et collaborent, une telle approche a-t-elle une chance de réussir ?»
21 Fév 2024