L’invasion russe de l’Ukraine a déclenché un déluge de condamnations de la part des scientifiques et des organismes de recherche du monde entier. Certains organisations des pays occidentaux ont rapidement rompu leurs liens avec la Russie, en supprimant les financements et les ressources et en mettant fin aux collaborations avec les scientifiques russes.
L’Association européenne des universités (EUA) suspend 12 membres russes pour une déclaration en faveur de la guerre. Cependant, Alexander Nozik, chercheur à l’Institut de physique et de technologie de Moscou, suppose que la lettre des recteurs ait été signée sous la contrainte, en vue de la nouvelle loi adoptée par le gouvernement russe qui prévoit jusqu’à 15 ans de prison pour la diffusion de «fausses» informations sur l’armée. (Science business)
En réponse à l’invasion, l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas et la Lituanie ont arrêté leurs projets officiels avec la Russie. Le 5 mars, la Norvège est devenue le dernier pays à suivre cet exemple, en suspendant tous les partenariats de recherche et d’éducation entre institutions. (Science business).
En Ukraine, une partie de la communauté scientifique regrette le manque de soutien de la part des institutions de recherche russe. Elle souhaite des «restrictions» de la recherche russe, en conséquence. « Nous demandons instamment que les chercheurs affiliés à de telles institutions ne soient pas admis dans les équipes de subventions internationales, ne soient pas invités à des conférences internationales et ne soient pas publiés dans les principales revues scientifiques internationales. ». (Nature)
Certains physicien-ne-s ukrainien-ne-s appellent par ailleurs à l’expulsion de la Russie du laboratoire du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire). L’option d’expulser les scientifiques du CERN pourrait pourtant se révéler comme irréalisable. Plus de 1000 Russes y travaillent, soit environ 8% des 12 000 scientifiques collaborant au CERN. «Leur départ soudain pourrait rendre le laboratoire incapable de fonctionner», estime John Ellis, un physicien théoricien du King’s College de Londres qui travaille au CERN. (Science)
En effet, le Conseil administratif du CERN a décidé d’encourager les initiatives visant à soutenir les collaborateurs ukrainiens et l’activité scientifique ukrainienne dans le domaine de la physique des hautes énergies, de suspendre le statut d’observateur de la Fédération de Russie et ne s’engagera pas dans de nouvelles collaborations avec la Fédération de Russie et ses institutions jusqu’à nouvel ordre. En outre, «la direction du CERN se conformera à toutes les sanctions internationales applicables. […] Le CERN continuera à défendre ses valeurs fondamentales de collaboration scientifique transfrontalière en tant que moteur de la paix.» (CERN)