«Les diplômés sont de plus en plus touchés par le chômage, tandis que la tendance à l’académisation se poursuit – surtout dans les villes. Selon les données les plus récentes, la formation professionnelle offre une plus grande sécurité au travail – et diverses options pour progresser dans sa carrière.»
A qui hésite entre formation académique ou professionnelle, Ursula Renold, qui a suivi un apprentissage bancaire dans sa jeunesse et est aujourd’hui professeure de systèmes éducatifs à l’EPFZ souligne la valeur de l’apprentissage: «Je conseille aux parents et aux jeunes : en cas de doute, ils devraient choisir la formation professionnelle.»
Une analyse de la fédération des employeurs montre que le nombre de diplômés au chômage a augmenté de 70% depuis 2010. Cette hausse ne peut être attribuée qu’en partie au nombre croissant d’étudiants diplômés, notamment dans les hautes écoles spécialisées. Les diplômés de l’apprentissage constatent le contraire : leur taux de chômage a baissé de 40% au cours de la même période, alors que le nombre d’apprentis n’a diminué que de 6%. Les personnes ayant suivi une formation professionnelle supérieure seraient les plus performantes sur le marché du travail.
«Il s’agit là d’un défi pour les universités», qui continuent de privilégier une formation académique centrée sur la recherche, alors que seule une minorité des étudiant·es se destinent à ce domaine. Les programmes d’études «ne sont guère orientés vers les exigences du marché du travail» et «refusent une plus grande référence à la pratique en faisant référence à la pertinence de la pensée critique et à la liberté de recherche et d’enseignement». Plusieurs filières, en particulier dans les sciences humaines, les arts ou les cursus interdisciplinaires, enregistrent des taux de chômage relativement élevés.
Patrick Chuard-Keller, économiste en chef des employeurs, dénonce un «écart croissant entre l’offre d’éducation et le marché du travail».