Le système éducatif suisse est souvent présenté comme un champ méritocratique où seules les performances et capacités individuelles comptent. Mais plusieurs études indiquent que le système éducatif est «formellement perméable, mais pas socialement.» Dans un article de la NZZ am Sonntag, plusieurs expert·es de l’éducation interviennent à ce sujet. Ils suggèrent que la voie de formation qu’un enfant choisit en Suisse dépend dans une large mesure de son origine sociale. A performances égales, les enfants d’universitaires ont jusqu’à quatre fois plus de chances de fréquenter le gymnase, d’obtenir une maturité gymnasiale et un diplôme universitaire que les enfants de parents ayant un faible niveau de formation.
Regula Leeman, professeure de sociologie de l’éducation à la FHNW, a étudié la possibilité d’augmenter les places disponibles aux gymnases pour réduire cet écart. Le résultat est décevant : une augmentation de places profiterait en premier lieu aux enfants d’universitaires. Ce n’est qu’à partir d’un taux d’environ 35% de maturant-e-s que davantage d’enfants issus de milieux ayant un accès limité à la culture et à l’éducation parviennent à entrer au gymnase. Pour la chercheuse, le changement doit alors s’opérer au niveau de la société. «Le système éducatif est toujours un reflet de la société. Les inégalités qui existent en son sein se reflètent également dans l’éducation».
Puis, l’article met en lumière une autre problématique en lien avec les hautes écoles : les filières d’études des Écoles polytechniques, de médecine et de droit doivent être suivies à plein temps, ce qui exclut les personnes qui doivent travailler à côté pour se payer les études. Pour réduire les inégalités, l’économiste de l’éducation Stefan Wolter propose par ailleurs d’avoir des «campus avec des résidences universitaires et des chambres à prix fortement réduit».