Les étudiants Lukas Heinser (langue et littérature allemandes) et Carlo Mariani (science politique) réagissent aux critiques adressées aux étudiant-es en sciences humaines et sociales par Andrea Franc. Selon eux, sa pensée reflète une tendance en Suisse que le modèle des universités s’approche de celui des Hautes écoles spécalisées en tant que centres de formation et s’éloigne de plus en plus de l’idéal de formation de Humboldt. «L’idée de Humboldt d’une « éducation des sentiments et du caractère qui ne doit manquer à personne » semble passer au second plan, le marché du travail étant de plus en plus considéré comme un point de repère.»
Les auteurs estiment que dans cette perspective purement économique, les sciences humaines et sociales sont mises à mal, car leur utilité ne peut pas être suffisamment comprise uniquement sous cet angle-là.
A titre exemplaire, «Pour endiguer la pandémie de Corona, à part en plus des connaissances médicales, les connaissances sur le comportement humain sont soudainement devenues très importantes, et depuis le début de la guerre en Ukraine, nos experts en Europe de l’Est et en slavistique sont extrêmement demandés », explique Katharina Michaelowa, doyenne de la faculté de philosophie de l’université de Zurich et professeur de sciences politiques.
Selon les auteurs, il faut alors distinguer le modèle universitaire du concept des hautes écoles spécialisées, qui ont pour objectif de proposer des formations professionnalisantes. «Il faut revenir à l’université en tant que lieu de formation, où le savoir est créé et où l’échange est intense, où l’on peut discuter de tout et initier des changements sociaux. Les effets sociaux qui en découlent, et qui proviennent notamment des sciences humaines et sociales, peuvent difficilement être monétarisés. Et c’est précisément pour cette raison que ces biens sont en danger.»