Maria-Sibylla Lotta, professeure en étique et esthétique estime que dans beaucoup d’universités, la libre discussion est remplacée par la critique moraliste. Ceci serait une atteinte à la liberté académique.
Les domaines «critiques de la culture» suivent, selon elle, un agenda de politique culturelle qui met l’accent sur le changement des circonstances, en paraphrasant le fil de narration dominant.
Les mises en garde politiques contre des sujets ou des termes spécifiques seraient une menace particulière pour la culture scientifique.
Des termes comme violence, préjugés, haine, trauma, dépression et vulnérabilité auraient connu une expansion sémantique, et ce qu’on appelait «préjugé» il y a 30 ans est devenu «violence épistémique». Avec l’augmentation de la sensibilité, la volonté d’accepter des remarques irritantes comme une part des débats académiques normaux serait en déclin.
«Lorsque les victimes potentielles de discours désobligeants sont encouragées à se considérer comme des victimes impuissantes, on leur offre un pouvoir qui n’a rien à voir avec la libre autodétermination. […] Inversement, celui ou celle qui se considère comme coupable et pratiquent la science comme une réparation imaginaire peut se désendetter par l’autocritique son identité culturelle (blanc, noir, homme, etc.).»
De plus, il ou elle ferait même preuve d’une virtuosité particulière, car la culpabilité admise n’est pas la sienne, mais celle d’un collectif auquel il ou elle s’attribue, en fonction de la couleur de sa peau, de son sexe ou de son appartenance à une classe sociale, sans pouvoir y faire quoi que ce soit.
Une opération de troc aurait donc lieu : le pouvoir (dépendant) en échange de l’indulgence et de la purification morale ou de l’auto-optimisation morale.