Un article du Monde retrace l’histoire des classements universitaires. Selon l’article, le premier classement du Shanghaï en 2003, en particuier, premier de son genre, a été un «coup de tonnerre» en France, car les grandes écoles françaises, qui étaient considérées comme des fleurons, y sont absentes. Le CNRS, l’inria, l’Insem et Inrae ne sont pas classés puisque ce ne sont pas des établissements d’enseignement supérieur.
«Le milieu universitaire n’aurait probablement pas connu autant de réformes ces quinze dernières années sans le classement de Shanghaï», confirme Christine Musselin, directrice de recherche CNRS au centre de sociologie des organisations à Sciences Po. «L’idée, très ancienne, que l’université française est en retard a été comme objectivée par ce classement.» Le tournant stratégique intervient en 2018, avec la mise en place des établissements publics expérimentaux. «La France a alors passé un cap et le classement de Shanghaï, à la suite de quelques autres, a accepté de classer des regroupements, comme l’université Paris-Saclay.», se souvient Jean-Yves Mérindol, ancien président d’université de Sorbonne Paris Cité.
Contrairement à la France, la Chine est en train de se distancier du classement de Shanghaï. Dix-neuf ans après après de l’avoir inventé, le pays s’apprête à faire marche arrière, comme l’a exprimé son président Xi Jinping fin avril. «La Chine ne veut plus mesurer ses universités aux autres, notamment américaines: elle décidera par elle-même des critères d’excellence devant prévaloir au sein des établissements, critères «du gène rouge», selon président-secrétaire général du comité du Parti communiste. […] Xi Jinping a estimé nécessaire de «s’enraciner dans le sol chinois pour construire des universités de premier rang mondial aux caractéristiques chinoises, et [se] frayer une nouvelle voie pour y parvenir, au lieu d’imiter les autres ou de copier les standards et modèles des universités étrangères». L’objectif est assumé : il faut «que la philosophie et les sciences sociales aux caractéristiques chinoises puissent prendre leur place dans le milieu académique mondial».»
Pour Jean-Yves Mérindol, « l’ère des classements universitaires mondiaux libres et ouverts dans une perspective de large mobilité est désormais close.»