«Comme les manifestations étudiantes contre la guerre du Vietnam ont favorisé l’élection de Nixon en 1968, celles pro-palestiniennes d’aujourd’hui pourraient profiter à Donald Trump, écrit le politologue Daniel Warner»
3 Mai 2024
3 Mai 2024
«Comme les manifestations étudiantes contre la guerre du Vietnam ont favorisé l’élection de Nixon en 1968, celles pro-palestiniennes d’aujourd’hui pourraient profiter à Donald Trump, écrit le politologue Daniel Warner»
2 Mai 2024
Au lendemain des violences qui ont éclaté entre manifestants pro-palestiniens et contre-manifestants des arrestations par la police à l’Université de Californie à Los Angeles, l’établissement a annulé tous les cours, laissant étudiant-es et professeur-es dans l’inconnu.
Selon le journaliste Stéphane Bussard, les manifestants dénoncent non seulement «les massacres commis par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023 mais aussi la catastrophe humanitaire et les nombreux civils décimés à Gaza par l’armée israélienne. […] Les manifestants des campus s’érigent en fait contre des automatismes qui ont longtemps prévalu outre-Atlantique, Israël ayant pris une importance démesurée sur la scène politique américaine depuis des décennies au détriment d’une cause palestinienne inexistante.»
2 Mai 2024
Suite à des centaines d’attestations sur les campus américains hier, le Professeur de l’Université de Lausanne et spécialiste de la sociologie des mouvements sociaux, Olivier Fillieule, n’est pas surpris par cette radicalité observée au sujet des protestations pro-palestiniens sur les campus américains; pour deux raisons : premièrement, il explique que «on a du mal à imaginer que les universités regardent ailleurs [pendant qu’il se produit un conflit] extrêmement violent». Deuxièmement, il évoque les traces qu’ont laissé les mobilisations des années 60 autour de la guerre du Vietnam sur les étudiant·es américain·es dans le mémoire collectif («c’est très motivant»). Le Professeur Fillieule mentionne également la dimension du contexte financier des universités américaines, en grand nombre privées et dépendantes de fonds externes, ce qui motive les étudiant·es à entamer des actions plus concrètes comme des demandes de désinvestissement et d’arrêter les collaboration avec des universités ou l’armée israéliennes. En outre, pour expliquer les protestations dans les campus américains et français, le Professeur Fillieule évoque également le fait que ces deux pays sont en période électorale. En comparaison, les mobilisations en Suisse sont moins prononcées, peut-être en raison de l’absence de «tradition de lutte» ou de l’influence moindre des partis politiques.
Sollicité sur le fait que sur les campus universitaires suisses, beaucoup de mobilisations n’ont pas été autorisées, le Professeur donne un avis personnel concernant l’interdiction de ces mobilisations : «tout dépend de ce qu’on interdit : en gros la règle qui prévalait aux États-Unis […] c’est que tant qu’il y a des occupations qui se déroulent sur un espace qui n’est pas un espace d’enseignement (les pelouses, les les cafétérias, et cetera), donc tant qu’on ne met pas d’obstacle à ce qu’est la mission de l’université (enseigner, délivrer des savoirs, faire de la recherche) alors c’était toléré. Et il me semble que c’était une une manière de faire très raisonnable.»
Le Professeur Fillieule aborde ensuite la question de la gestion des mobilisations par les autorités universitaires en soulignant la difficulté de gérér des injonctions contradictoires : d’un côté les universités sont obligées de maintenir l’ordre public sur le campus et de protéger les étudiant·es, d’autre part les universités ont également la mission de promouvoir toute forme de débat, y compris ceux qui sont plus contradictoires : «[F]ace à ces deux injonctions l’Université de Lausanne a fait le choix […] [de] à la fois [mettre] un certain nombre d’obstacles à des initiatives pro-palestiniennes en essayant de les freiner, et en même temps [l’UNIL] essaie, mais à mon avis pas assez, d’organiser un débat.»
30 Avr 2024
«Débuté mi-avril à l’université new-yorkaise de Columbia, le mouvement pro-palestinien s’étend dans les campus américains. Dans plusieurs établissements, les forces de l’ordre ont dû intervenir. Des événements qui suscitent des divisions dans le camp démocrate et qui pourraient bien influencer l’élection présidentielle.»
25 Avr 2024
Les protestations pro-palestiniennes des étudiant·es américain·es continuent avec ferveur aux Etats-Unis : après l’Université de Columbia, l’Université de Yale, l’Université de Harvard, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’Université de New York (NYU), c’est à l’Université du Texas et à à l’Université de Californie du Sud que les étudiant·es se mobilisent.
A l’Université de Columbia, où les dernières protestations se sont déclenchées en premier lieu, les campements sont encore présents mais l’université a communiqué que des négociations avec les étudiant·es sont en cours. La situation reste tendue d’autant plus qu’on apprend via le 20 Minuten que le Président républicain de la Chambre des représentants du Congrès, Mike Johnson, a menacé : «si la situation n’est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale».
Le débat sur la liberté d’expression avait déjà été objet de tensions au sein de la communauté universitaire américaine, mais avec l’intervention de la police la liberté d’expression est perçue comme davantage menacée par beaucoup de personnes : «l’intervention des forces de l’ordre est vue comme une hérésie et une réminiscence de la répression des manifestations contre la guerre du Vietnam. Une association de professeurs qui étaient présents devant NYU a dénoncé le recours à la police, affirmant que le rassemblement était certes «bruyant» mais ni antisémite.» (Le Temps) L’ONU a également eu son mot à dire à propos de la liberté d’expression et a rappelé le droit de manifester pacifiquement. Le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU António Guterres, Farhan Haq, affirme que «[l]a position fondamentale des Nations unies reste de respecter le droit des gens à protester pacifiquement […] [et souligne qu’ils sont] contre toute forme de discours de haine.» (Tages-Anzeiger)
Andreas Wimmer, Professeur de sociologie et de philosophie politique à l’université Columbia de New York tente d’apporter une analyse aux faits des derniers jours dans les universités américaines : il explique que des «activistes djihadistes» tentent de s’emparer des protestations mais rappelle également que «les protestations sur le campus sont pacifiques et il y a peu d’antisémitisme ouvert. Un quart des étudiants arrêtés sont d’ailleurs juifs». En effet, pour le Professeur Wimmer «[l]es lignes de conflit ne suivent pas les identités ethnico-religieuses, mais les positions politiques sur la guerre à Gaza […] : Sur le campus même, il est peu probable que quelqu’un soit bousculé parce qu’il porte une kippa. En revanche, s’il se promenait dans le camp de tentes avec un drapeau israélien, il y aurait probablement des altercations». Finalement, pour le Professeur Wimmer «la polarisation sur le campus est quasiment impossible à combattre […] : [la Présidente de Columbia] doit d’une part défendre la liberté de parole des protestataires et d’autre part protéger le droit des étudiants juifs à pouvoir étudier sans être dénigrés ou intimidés. Et elle doit veiller à ne pas offrir de terrain d’attaque aux militants républicains, afin d’éviter que les fonds fédéraux ne soient supprimés pour cause de discrimination, mais d’un autre côté, elle doit aussi défendre l’indépendance de l’université face aux pressions politiques. Elle doit d’une part satisfaire les donateurs privés, les trustees, et les alumni, dont beaucoup s’inquiètent des protestations prétendument antisémites, et d’autre part éviter que le corps professoral ne demande sa démission.» (Neue Zürcher Zeitung)
24 Avr 2024
Des protestation d’étudiant·es propalestinien·nes ont vu le jour mercredi passé, simultanément à l’audition prévue de la Présidente de Columbia, Nemat « Minouche » Shafik, devant une commission du Congrès américain à Washington au sujet de sa gestion sur les protestations. Un étudiant explique les revendications des protestations : «l’Université Columbia doit retirer ses investissements financiers des obligations israéliennes et des entreprises américaines qui gagnent de l’argent en fournissant des armes à l’armée israélienne. Les programmes de coopération académique avec l’université de Tel Aviv doivent être coupés.»
Madame Shafik a «dû prendre une décision dont [elle espérait] qu’elle ne serait jamais nécessaire» : recourir à la police afin qu’elle démantèle les campements des protestataires, qui a ensuite arrêté plus d’une centaine d’étudiant·es. Néanmoins cela n’a pas découragé les protestataires à l’Université de Columbia qui ont remis les tentes sur le campus, mais cela a également poussé d’autres protestations à se déclencher dans d’autres universités du pays, où des étudiant·es ont également été arrêté·es.
«Lundi soir, la direction de l’université a annoncé la tenue de tous les cours jusqu’à la fin proche du semestre, également via une diffusion en ligne, dans la mesure du possible. Il s’agit manifestement d’une offre destinée aux étudiants qui ne se sentent plus en sécurité ou à l’aise sur le campus.»
Les membres de l’American Association of University Professors «[condamnent] fermement la suspension des étudiants qui manifestent pacifiquement». Le Professeur d’histoire Christopher Brown pense que le fait que Madame Shafik ait appelé la police pour intervenir constitue «un signe de faiblesse» qui a fait perdre à Madame Shafik «le privilège de diriger cette grande université». (NZZ)
«Les dirigeants de l’université doivent maintenant à nouveau se demander et se faire demander jusqu’où peut aller la liberté d’expression. On discute actuellement de la démission de Minouche Shafik […].» (Tages-Anzeiger)
Le Président américain Joe Biden a également pris parole au sujet des tensions dans les universités américaines, en «[condamnant[ les «manifestations antisémites» tout en dénonçant «ceux qui ne comprennent pas ce que vivent les Palestiniens».» Préoccupé pour le climat dans les universités il ajoute : «[c]et antisémitisme flagrant est répréhensible et dangereux, et il n’a absolument pas sa place sur les campus universitaires, ni nulle part dans notre pays». (rtsinfo.ch)
En effet, les étudiant·es de confession juive ne se sentent plus en sécurité, comme le dit Nicholas Baum, un étudiant en finance et en histoire juive : «Avant le 7 octobre, je me sentais en sécurité sur le campus en tant que juif. Ce n’est plus le cas aujourd’hui […]. De nombreux amis juifs sont rentrés chez eux par peur. Ils m’ont parfois supplié de faire de même.» (20minuten.ch)
22 Fév 2024
«Les universités américaines, qui sont au centre de débats toxiques sur la liberté d’expression et la diversité, souffrent d’une crise de légitimité qui a également placé la fonction présidentielle [du recteur ou de la rectrice] sous un microscope. Le poste de président est depuis longtemps source de frustrations. Au-delà de l’utilisation de l’argent des donateurs et de quelques décisions importantes en matière de recrutement, les présidents d’université exercent étonnamment peu de pouvoir officiel.»
Le travail d’un président ou une présidente consiste à «satisfaire une équipe hétéroclite de parties intéressées» devient plus difficile, voire impossible: les étudiants les «bousculent», les donateurs se font plus entendre.
L’une des options consiste à repenser les fonctions du président. Cela pourrait impliquer de limiter leur capacité à faire des déclarations politiques, ou de «renforcer leur obligation de mérite et de liberté d’expression». Les conseils d’administration sont toutefois plus susceptibles d’aborder le problème par le biais de leurs nominations présidentielles que par une modification de la Constitution.
Certains considèrent qu’il serait intéressant de choisir «un homme d’affaires» pour la présidence, particulièrement pour gérer les excès de bureaucratie «qui touchent beaucoup d’universités», mais les entreprises américaines ne se sont pas montrées plus aptes à naviguer dans les guerres culturelles toxiques du pays. «Un-e ancien-ne politicien-ne, une autre possibilité, peut savoir comment faire des cadeaux aux donateurs et s’acoquiner avec les journalistes, mais il serait un paratonnerre pour les critiques des partisans du parti qu’il ne représente pas. Dans les deux cas, l’outsider aura du mal à gagner le respect de la faculté avec laquelle il doit travailler.»
«La vérité est que l’origine des candidats n’est pas le problème. Une crise d’identité engloutit les universités américaines. Elles sont déchirées entre leurs responsabilités en matière d’apprentissage et de justice sociale – et c’est une tension que tout président aura du mal à résoudre. Cette situation est porteuse d’enseignements plus larges pour toutes les organisations. Les institutions qui ne s’appuient pas sur un objectif clair, qu’il s’agisse de la recherche du savoir ou de la recherche du profit, sont vouées à des crises périodiques. Même le capitaine le plus habile aurait du mal à diriger un tel navire.»
22 Fév 2024
«Joe Biden, qui a en grande partie conquis la Maison Blanche en 2020 grâce aux jeunes électeurs, a annoncé mercredi une nouvelle mesure d’effacement de dette étudiante, en se félicitant d’avoir, au total, annulé les créances de ce type pour « près de 4 millions d’Américains ».»
10 Nov 2023
La tension dans les grandes universités américaines continue de croître. Actes antisémites en augmentation, manifestations sur les campus, «affiches montrant les visages des 240 otages israéliens et étrangers aux mains du Hamas […] arrachées» et dénonciations sur internet, la situation se péjore.
«Lundi, Elizabeth Magill, la présidente de l’Université de Pennsylvanie, a fait état de messages antisémites visant plusieurs employés et annoncé qu’elle avait saisi le FBI. Vendredi dernier, l’Université de Cornell […] a annulé tous les cours […]» après qu’un étudiant ait proféré des menaces de mort à l’encontre de toutes les personnes juives qu’il croiserait sur le campus.
Différents acteur∙trices n’appartenant pas au monde académique s’en mêlent. L’Anti-Defamation League a «[lancé une] permanence juridique pour les étudiants juifs» après qu’un sondage ait révélé que «56% des étudiants juifs ne se sentaient pas en sécurité sur leur campus.» Les donateur∙trices mettent la pression aux universités et retirent leur soutien. «La Floride, dirigée par le candidat républicain Ron DeSantis, a demandé à toutes les universités de l’Etat à bannir […]» le groupe «étudiants pour la justice en Palestine» (SJP).
Certaines des associations estudiantines qui avaient signé une lettre ouverte propalestinienne juste après l’attaque du Hamas se sont aujourd’hui rétractées. «Les dirigeants académiques ont été sommés de se positionner pour se distancier de leurs propres étudiants, ce qu’ils ont fini par faire. Certains professeurs craignent au contraire que de telles prises de position, car elles risquent de réduire les espaces de débats.»
6 Nov 2023
La question des salaires des post-doctorant·es aux Etats-Unis est loin d’être dépassée. Nombreuses grèves qui ont eu lieu sur le sol états-unien et l’essor de la syndicalisation d’étudiant·es et des post-doctorant·es contraignent les universités à s’adapter (ou au moins d’essayer) et «à réfléchir à la manière dont elle[s] rémunère[nt] les chercheurs en début de carrière et à ce que sera l’avenir de la science universitaire».
En effet, la formation des syndicats et l’élargissement de ceux-ci a permis, selon de nombreux étudiant·es diplômés, post-doctorant·es et scientifiques confirmé·es, de faire entendre certaines revendications. Ainsi, «[a]près des mois de négociations tendues et une grève évitée de justesse, les postdocs et les chercheurs associés de l’Université de Columbia ont accepté cette semaine un contrat qui augmentera leur salaire minimum de 10 000 dollars, pour le porter à 70 000 dollars, et leur offrira d’autres avantages, notamment une allocation de garde d’enfants de 5 000 dollars».
«À l’université Rutgers, où 9 000 étudiants diplômés, postdocs et professeurs ont entamé une grève d’une semaine au début de l’année, l’université a accepté de financer les augmentations qui n’étaient pas budgétisées dans les subventions. Mais le syndicat de Columbia n’a pas réussi à obtenir un accord similaire».
Globalement, les universités semblent «[reconnaître] la nécessité d’augmenter les salaires. Mais ils sont également confrontés à des contraintes budgétaires bien réelles […]. Certains universitaires affirment que les agences fédérales de financement, telles que les National Institutes of Health et la National Science Foundation, doivent augmenter les subventions pour couvrir l’augmentation des salaires». Les syndicats partagent l’avis selon lequel les subventions fédérales jouent un rôle crucial et «reconnaissent que les subventions fédérales à la recherche n’ont pas suivi l’inflation et s’inquiètent de la charge supplémentaire qui pèse sur les chefs de laboratoire».
31 Oct 2023
Depuis l’attaque du Hamas contre Israël, il y a aux Etats-Unis une «hausse alarmante des incidents antisémites dans les écoles et sur les campus universitaires». Le gouvernement américain se mobilise: «l’exécutif américain organise une réunion avec des représentants d’organisations juives» et «[l]e ministre de l’Éducation […] [se rendra] dans une université et [participera] à une table ronde avec des étudiants juifs […]. L’exécutif américain assure par ailleurs avoir simplifié les procédures permettant de porter plainte pour discrimination sur les campus américains, par exemple pour les personnes victimes d’insultes à caractère antisémite ou islamophobe».
26 Oct 2023
L’éminente revue à accès libre eLife, dont l’éditeur est le Howard Hughes Medical Institute (HHMI) de l’Université de Californie, a licencié son rédacteur en chef, Michael Eisen. Monsieur Eisen explique que le motif de son licenciement est qu’il a retweeté un article satirique de @TheOnion intitulé «Les Gazaouis mourants critiqués pour ne pas avoir utilisé leurs derniers mots pour condamner le Hamas» et qui a été «[perçu] comme prenant parti pour les Palestiniens au détriment d’Israël».
La revue eLife écrit dans un communiqué que «[l]’approche [de Monsieur Eisen] du leadership, de la communication et des médias sociaux a, à certains moments clés, nui à la cohésion de la communauté que nous essayons de construire et, par conséquent, à la mission d’eLife». Mais cette nouvelle n’a pas été bien reçue par certain∙es collaborateur∙ices d’ eLife et «[p]lusieurs rédacteurs en chef d’eLife ou conseillers de la revue ont déjà démissionné pour protester contre [le] licenciement [de Monsieur Eisen]», que ces personnes qualifient comme «dangereux […] pour la liberté d’expression dans [leur] communauté universitaire».
Monsieur Eisen «affirme qu’il ne s’inquiète pas de son avenir […], [mais qu’il] s’est toutefois inquiété du sort des personnes moins privilégiées, qui pourraient avoir peur d’exprimer leurs opinions politiques par crainte de se retrouver au chômage». (science.org)
26 Oct 2023
Le soutien ouvert des étudiant∙es et de certain∙es professeur∙es de grandes universités américaines telles que Harvard, Stanford et Yale suscite de vives réactions. Des journalistes s’indignent de leur comportement ainsi que de leur manque de compassion envers Israel et des mécènes «[…] menacent de cesser leur aide financière à des établissements renommés». (Watson.ch) Parmi eux, le PDG d’Apollo Global Management, la famille Huntsman «qui a versé des millions de dollar» pour l’éducation supérieure, l’héritier d’Estée Lauder Ronald Lauder et la fondation Wexner. (NZZ)
«Certains cabinets d’avocats et sociétés d’investissement ont signalé qu’ils n’embaucheraient pas les étudiants et étudiantes qui ont participé à des manifestations anti-israéliennes ou qui ont signé des appels dans ce sens, et qu’ils retireraient même les offres d’emploi existantes. Ils demandent à la direction de l’université [de Harvard] de rendre publics les noms concernés.» (NZZ)
Par ailleurs, les directions ne sont pas non plus épargnées, une trop grande passivité leur est reprochée. «Marc Rowan, membre du conseil d’administration d’une prestigieuse école de commerce rattachée à l’université de Pennsylvanie, […] «exige la démission de la présidente de l’université de Pennsylvanie et du président de son conseil d’administration».» (Watson.ch) Ce dernier «[…] a également demandé à ses collègues anciens élèves de réduire leurs contributions à l’université de Pennsylvanie à 1 dollar «afin que personne ne passe à côté de la chose».» (NZZ)
13 Sep 2023
Aux Etats-Unis les conditions salariales des post-doctorant·es continuent d’inquiéter de nombreuses personnes et à engendrer des nouvelles grèves. Tara Schwetz, Directrice adjointe principale par intérim du National Institutes of Health (NIH), l’agence nationale qui s’occupe du financement des post-doctorant·es, «[suggère] que les universités qui ont augmenté les salaires fassent davantage pour aider les chercheurs principaux à combler les écarts». Un chercheur de l’Université de Californie affirme que «[l]’idée [qu’ils] ne [demandent] pas plus d’argent à l’État [l’] horripile».
Le NIH a «mis sur pied un groupe de travail chargé d’examiner les problèmes auxquels sont confrontés les postdocs». Ce groupe de travail a publié en juin «un ensemble provisoire de principes directeurs, préconisant des postdocs moins nombreux mais mieux rémunérés et un plafond de trois ans pour la durée des contrats». Des recommandations seront présentées au mois de décembre.
5 Sep 2023
Le système éducatif états-unien est loin d’être méritocratique. C’est ce que montre une étude de l’Université de Harvard et une des causes seraient les admissions «Legacy», lorsque les universités américaines privées donnent la préférence aux enfants d’ancien·nes diplômé·es. En effet, «[s]i une personne issue d’un milieu aisé pose sa candidature à l’alma mater de son père ou de sa mère, ses chances d’être admise sont jusqu’à sept fois plus élevées que celles d’aspirants aussi doués issus de milieux plus modestes. Les étudiants «Legacy» issus de milieux plus pauvres ont deux fois plus de chances d’être admis». La pratique des admissions «Legacy» a longuement été justifiée par les universités comme moyen de «renforcer le sentiment de communauté et à motiver les anciens diplômés à soutenir leur alma mater par des dons». Néanmoins, ces dernières années les admissions «Legacy» subissent de plus en plus de pressions, ce qui a amené une centaine d’universités à abandonner cette pratique.
La préoccupation liée à l’abandon des admissions «Legacy» est principalement de caractère financier: si «[l]es universités qui ont renoncé à des autorisations «Legacy» n’ont pas encore connu de difficultés financières […], les conséquences pourraient se faire sentir à long terme». Mais continuer cette pratique semble encore moins justifiée puisque la Cour suprême a décidé en juin que l’admission préférentielle des candidats non-blancs dans les universités est anticonstitutionnelle et contraire au principe d’égalité.
Du coté du milieu politique, «les démocrates ont à nouveau déposé au Congrès un projet de loi visant à [interdire les admissions «Legacy»]. Des républicains […] soutiennent également cette proposition. La méthode renforce les privilèges au lieu de créer des opportunités, a critiqué le président Joe Biden».
4 Sep 2023
En mars 2020, «le président des États-Unis de l’époque, Donald Trump, a décrété un moratoire sur le remboursement des prêts étudiants». L’actuel président des États-Unis, Joe Biden, a prolongé le moratoire et «est même allé plus loin», en annonçant en aout 2022 «un effacement partiel des emprunts étudiants». Néanmoins, en mars 2023 on apprenait que «la mesure d’annulation d’une partie de la dette des étudiants [semblait] en péril après l’audience […] à la Cour suprême. Les juges [devaient] déterminer si la mesure doit passer par le Congrès».
En juin 2023 la «Cour suprême a invalidé cette mesure phare de Joe Biden, estimant que le gouvernement avait outrepassé ses pouvoirs en adoptant ce programme coûteux sans autorisation du Congrès». À partir d’octobre, donc, plus de 46 millions de personnes «devront recommencer à rembourser leur prêt étudiant».
28 Août 2023
Les Etats-Unis ont prolongé de six mois un accord de coopération dans le domaine de la science et la technologie avec la Chine, afin de trouver un terrain d’entente sur le long-terme. En vigueur depuis 44 ans, il permet aux deux pays de collaborer dans des domaines aussi divers que l’agriculture, l’énergie et la santé. Il est normalement renouvelé tous les 5 ans.
Les scientifiques espèrent que la Chine et les Etats-Unis «resteront connectés», malgré les tensions croissantes. Une lettre ouverte signée par plus de mille scientifiques a été envoyée au président Joe Biden afin de souligner que l’absence de la Chine dans les programmes de recherche américains aurait un impact négatif sur ces derniers. (Nature.com)
Cependant, sur le Vieux Continent la Commission Européenne tire la sonnette d’alarme. À Hong Kong, «la liberté académique est encore plus sous pression cette année», le Parti Chinois Communiste resserrant l’étau sur l’ancienne colonie britannique. «Dans son rapport annuel sur la région administrative spéciale de Chine, la Commission a mis en garde contre le fait que les médias locaux ont «pointé du doigt des universitaires et critiqué leurs travaux de recherche sur la base de leurs positions politiques présumées, obligeant certains d’entre eux à quitter leur poste».»
Dans certaines universités, des départements entiers de science politique doivent fermer leurs portes et les chercheur∙euses se mettent à éviter de mener certains travaux, jugés «trop sensibles.» (ScienceBusiness.com)
18 Août 2023
En juin dernier Cedric Lodge, aujourd’hui ex-chef de la morgue de l’université d’Harvard, avait été inculpé pour «association de malfaiteurs» et «transport interétatique de marchandises volées». Lui et sa femme avaient en effet commencé un trafic de corps humains, qui étaient à l’origine des dons anatomiques pour l’éducation des étudiant∙es en médecine à Harvard.
«Il est particulièrement grave que tant de personnes qui ont accepté que leur dépouille soit utilisée pour former des professionnels de la médecine et faire avancer la science et la guérison soient des victimes» s’est prononcé le procureur Gerard Karam, qui veut obtenir justice pour les victimes et leurs familles. Contactées, nombreuses parmi ces dernières ont porté plainte. Néanmoins, la loi américaine comporte des zones grises : «[…] dans la plupart des Etats, si des lois condamnent explicitement le pillage de tombes, la vente de restes humains qui n’ont pas encore été enterrés n’est pas illégale, rappelle Tanya D. Marsh, professeure de droit à l’Université Wake Forest (Caroline du Nord) et auteure de plusieurs ouvrages sur la question. Nous sommes en plein marché gris.
Ce scandale dans une morgue n’est pas sans rappeler l’affaire qui a secoué l’Université Paris-Descartes en 2019, où un trafic d’ossements et d’organes s’opérait en douce. Les auteures de l’article évoquent également les musées, notamment en Belgique où pèse un lourd passé colonial, qui s’efforcent d’endiguer le trafic de restes humains.
7 Août 2023
Les frais d’étude aux Etats-Unis étant très élevés, certains parents utilisent le football (soccer) comme parade. Investissant parfois plus de mille dollars pour une inscriptions dans un club, les parents espèrent que leurs enfants pourront décrocher une bourse et faire des études gratuitement.
Malheureusement, ce système de pay-to-play (payer pour jouer) semble favoriser les disparités. «Ce modèle donne aux classes moyenne et moyenne supérieure des opportunités que beaucoup d’autres familles ne peuvent pas avoir» explique Lindsay Bloom, entraineuse sportive. «L’accès au coaching et aux compétitions est corrélé à l’endroit où vivent les enfants.» Enfants qui, plus tard, auront moins de chance d’obtenir une bourse pour l’université.
Ce phénomène touche majoritairement les filles. La loi Title IX, votée en 1972, a interdit «toute discrimination sur la base du sexe dans les universités, celles-ci devaient désormais offrir le même nombre de bourses aux garçons et aux filles.» Par la suite, «[le] soccer en profita, parce que le nombre élevé de joueurs nécessaires par équipe permet de remplir les quotas, qu’il réclame peu d’infrastructures et représente un équivalent féminin au trop viril football américain.»
26 Juil 2023
Trois associations ont porté plainte contre l’Université de Harvard: elles l’accusent de discrimination. L’université fait l’objet d’une enquête de la part du gouvernement américain qui devra établir si elle adopte une «pratique permettant aux enfants d’anciens diplômé·es d’être favorisés dans le processus d’admission». Selon les avocats de Lawyers for Civil Rights Boston et les trois associations, vu la décision de fin juin de la Cour suprême des Etats-Unis qui «a exigé la fin des programmes de discrimination positive lors des admissions universitaires […], il est encore plus important d’éliminer les pratiques qui désavantagent de manière systématique les étudiant·es de couleur». De son côté, l’Université de Harvard explique qu’elle revoit son processus d’admission «pour se mettre en conformité avec la décision de la Cour suprême tout en «renforçant [sa] capacité à attirer et à soutenir une communauté intellectuelle diverse, qui est fondamentale à [la] recherche de l’excellence académique.»»