Le vice-chancelier adjoint et doyen de l’université de Bath Marcus Munafò, écrit que historiquement, les universités ont toujours considéré que les universitaires étaient capables de tout faire, avec peu de formation, et que seuls eux devaient diriger les institutions académiques. Ainsi, les postes de direction exigent souvent un parcours académique prestigieux. Pourtant, les compétences nécessaires pour gérer une université dépassent largement la recherche et l’enseignement : elles incluent le leadership, la gestion, l’innovation et la compréhension d’environnements complexes et changeants.
De récentes études au Royaume-Uni montrent que les dirigeants recrutés hors du milieu universitaire obtiennent souvent de meilleurs résultats, notamment parce qu’ils possèdent des compétences managériales rares dans le secteur. Comme dans le sport, où les meilleurs entraîneurs ne sont pas toujours d’anciens champions, la crédibilité d’un dirigeant ne dépend pas uniquement de ses performances académiques.
Les universités doivent donc clarifier les compétences qu’elles recherchent pour les postes de direction et distinguer les aptitudes académiques des aptitudes managériales. Il est également nécessaire d’encourager les candidatures venues de l’extérieur, à tous les niveaux. Des initiatives comme les « professors of practice » ou la classification de « praticiens » à l’Université de Bath visent à valoriser les parcours professionnels non académiques.
Ces évolutions posent des défis – notamment en matière d’équité et de reconnaissance – mais elles enrichissent les institutions et permettent des carrières plus diversifiées. Une autre piste consiste à favoriser la circulation entre monde académique et monde professionnel, pour créer des carrières plus perméables.
Enfin, Marcus Munafò juge que modèle de l’universitaire capable de tout faire, hérité du XIXᵉ siècle, n’est plus adapté. Dans un contexte difficile pour l’enseignement supérieur, les universités gagneraient à apprendre d’autres secteurs, tout en maintenant leur identité académique.