«Aucun gouvernement – quel que soit le parti au pouvoir – ne devrait dicter aux universités privées leur enseignement, le choix de leurs étudiants et de leur personnel ou leur domaine d’étude et de recherche», a défié le président de Harvard, Alan M. Garber, dans une lettre adressée lundi au personnel et aux étudiant·es de l’université. Le président de Harvard a également publié la lettre qu’il a reçue vendredi de la part de l’administration Trump. Le gouvernement demandait des sanctions contre les étudiant·es ayant participé aux manifestations contre Israël ou l’interdiction du port du masque, mais pas seulement. «Washington voulait avoir son mot à dire sur toute la politique d’engagement et d’admission des étudiants.» L’université devait également «renoncer à toutes les incitations visant à augmenter la diversité sur les bancs mais aussi derrière les pupitres d’enseignement».
Alan M. Garber a répondu que l’université continuait de prendre des mesures contre l’antisémitisme, mais «en respectant la loi et les libertés d’opinion et de la recherche».
Finalement, le président prévient que «le retrait du gouvernement de ces partenariats [les programmes de recherche médicale, de physique quantique ou liés à l’intelligence artificielle] ne met pas seulement en danger la santé de millions de gens mais compromet la sécurité et la vitalité de notre pays». (Le Temps)
«L’administration Trump a réagi le soir même [lundi] en réduisant les subventions de 2,2 milliards de dollars (1,8 milliard de francs) et les contrats de recherche pluriannuels d’une valeur de 60 millions de dollars (49 millions de francs).» Toutefois, «Harvard dispose de la plus grande réserve financière de toutes les universités américaines. A la fin de l’année dernière, les actifs de la fondation s’élevaient à 53 milliards de dollars. Il y a une semaine, le conseil de la fondation a annoncé l’émission d’obligations pour un montant de 750 millions de dollars. Elles ne compenseront toutefois que partiellement le manque de subventions.» (NZZ)
Mardi, pour intimider les autres universités tentées de suivre cet exemple, Donald Trump lui-même a menacé sur son réseau Truth Social : «Peut-être que Harvard devrait perdre son exemption fiscale et être imposée comme une entité politique, si elle continue de défendre sa ‘folie’ politique, idéologique, inspirée par/soutenant le terrorisme». (Bluewin)
«Harvard a montré l’exemple aux autres établissements d’enseignement supérieur en rejetant une tentative illégale et maladroite d’étouffer la liberté académique. Espérons que d’autres institutions suivront cet exemple», a écrit l’ancien président Barack Obama sur le réseau X. (Le Temps)
«Face à un racket fédéral, Harvard a envoyé son message le plus clair et le plus courageux à ce jour : nos valeurs ne sont pas à vendre», a déclaré le comité éditorial du journal étudiant The Harvard Crimson. (Le Courrier)
«Aujourd’hui plus que jamais, il est impératif de proclamer haut et fort que la liberté et l’autonomie académiques sont les piliers essentiels de toute université. Là où ces principes vacillent, la pensée critique, la recherche innovante et le progrès collectif sont en danger», a écrit sur X Yves Flückiger, président des Académies suisses des sciences, avant de remercier Harvard et son président «d’avoir résisté aux pressions de l’administration américaine».
«Harvard n’est pas la seule université à être confrontée aux exigences de l’administration Trump. Des universités d’élite comme Princeton, Cornell, Northwestern et Pennsylvania sont également sous pression. Au total, soixante établissements d’enseignement supérieur se trouvent actuellement sous la surveillance du département de l’éducation.» (NZZ)