«Dans les polémiques contre les sciences humaines et sociales («Geisteswissenschaften)», on tire à la chevrotine dans l’espoir que quelque chose reste accroché», avance Caspar Hirschi, professeur d’histoire à l’Université de Saint-Gall.
20 Fév 2024
20 Fév 2024
«Dans les polémiques contre les sciences humaines et sociales («Geisteswissenschaften)», on tire à la chevrotine dans l’espoir que quelque chose reste accroché», avance Caspar Hirschi, professeur d’histoire à l’Université de Saint-Gall.
25 Oct 2023
«L’association CH ++ a publié son premier Techrating qui recense les as et les cancres des sujets numériques et scientifiques au Parlement, sur la base de leur activité et de la réponse à un questionnaire. Le trio de tête des parlementaires les plus sensibles aux questions numériques, technologiques et scientifiques au Conseil national est composé d’un Vert, d’un socialiste et d’un vert’libéral. Le trio de queue comporte trois UDC. Le PLR est entre les deux».
Selon Jacques Neirynck, ancien Conseiller national,«[c]ette enquête confirme ce que l’on suspecte de plus en plus. Droite et gauche ne sont plus ce qu’elles étaient». La droite était traditionnellement supporteur de l’économie et donc de l’innovation, de la recherche, de la formation, alors que maintenant «[l]a science ne jouit plus du prestige qu’elle eut jadis et la méfiance populaire monte: les vaccins sont suspects; le réchauffement climatique est une invention des climatologues; l’exclusion du programme Erasmus n’a aucune importance; les facultés de sciences humaines ne forment que des parasites sociaux; les diplômés étrangers volent des emplois à des Suisses».
25 Oct 2023
Le 11 novembre, au Campus Biotech à Genève, se tiendra le symposium ««médecine intégrative et cancer» […] organisé par le Groupe international de chercheurs et de développement pour la médecine complémentaire (IRCM) […], [qui] a pour but de «rendre accessible à un large public les recherches les plus récentes dans le domaine des médecines intégratives»».
Après avoir lu le programme du symposium, l’auteure de l’article émet des doutes: «[des] [i]nterventions vagues, [l]évocation d’approches thérapeutiques douteuses, [la] référence à une personnalité controversée, et même [l’]intervention d’une oratrice radiée de l’Ordre des médecins en France. Comme si cela ne suffisait pas, les organisateurs mentionnent Eric Bonvin, directeur de l’Hôpital du Valais, comme membre du «comité scientifique» du colloque […], [qui] explique n’avoir jamais été sollicité pour cet événement».
«[D]es experts s’inquiètent du discrédit que ce symposium pourrait jeter sur les médecines naturelles». Selon Pierre-Yves Rodondi, Professeur à l’Université de Fribourg et spécialiste de la médecine intégrative, «[…] cette manifestation semble adopter une ligne focalisée sur certaines approches, plutôt que sur la médecine intégrative […]». Selon Chantal Berna Renella, Professeure à la tête du Centre de médecine intégrative et complémentaire de l’hôpital universitaire vaudois, «[c]ette manifestation ne semble pas s’inscrire dans le type de médecine intégrative [qu’ils pratiquent] au CHUV; elle se doit d’être basée sur des preuves et non uniquement sur des croyances. Il y a un risque que ce type d’évènement crée une confusion dans l’esprit des patients et discrédite le concept de médecine intégrative».
Alors que de nombreux doutes apparaissent, comment se fait-il que le symposium «se déroule au Campus Biotech, haut lieu de la recherche scientifique, dont l’Université de Genève et l’EPFL sont parties prenantes»? Laura Plassmann-Debergé, coordinatrice des événements pour la fondation Campus biotech, explique qu’«[ils n’organisent] pas cette manifestation, [ils louent] seulement la salle aux organisateurs […], et elle poursuit en disant qu’«[ils n’acceptent] pas n’importe quels types d’événements, mais celui-ci porte sur un thème médical, il [leur] a donc semblé qu’il correspondait à [leur] mission. [Ils n’avaient] pas le contenu détaillé du programme lors de la réservation.»
Finalement, la Société suisse d’oncologie médicale (SSOM) «[a argué] que le symposium respectait certains critères tels que les «règles scientifiques fondamentales de l’oncologie» et «[ouvrait] le droit à des crédits de formation» pour la participation à ce symposium. Néanmoins, le SSOM «[s’est rétracté et a retiré] les huit crédits de formation qu’il lui avait octroyés».
3 Oct 2023
««Je suis ravie et fière, c’est l’éloge d’une femme scientifique sans compromission, à l’origine d’un vaccin qui a eu un impact majeur et qui a sauvé des millions de vies, s’enthousiasme Alexandra Calmy, responsable de l’unité VIH du service des maladies infectieuses des Hôpitaux universitaires de Genève. Le prix de cette femme au parcours si singulier et exemplaire, qui a poursuivi malgré tout ce que les gens pensaient de sa recherche, est un modèle qui va aider les femmes à aller de l’avant .»» (24 Heures)
Jacques Dubochet, prix Nobel de chimie en 2017, «[…] espère que la semaine des Prix Nobel réveillera les politiciens, qui ont relégué la question européenne au second plan durant cette période électorale. C’est symptomatique de la gestion à courte vue de notre politique» dit-il. Il aimerait «que le prix soit plus souvent attribué à des institutions plutôt qu’à des personnes. Dans [son] cas, il aurait été bien de le remettre à l’ensemble du laboratoire. […] Le fonctionnement actuel favorise l’ego et la gloire individuelle. Pourtant, l’aventure scientifique est une aventure humaine.» (Le Courrier)
Le journal Nature partage «[u]ne analyse [qui] montre que le délai moyen entre la publication des travaux et l’obtention d’un des prix scientifiques a presque doublé au cours des 60 dernières années. Parmi les trois prix scientifiques, c’est en chimie que le «délai Nobel» [‘Nobel lag’] est le plus long (30 ans en moyenne au cours de la dernière décennie) et en physiologie ou en médecine qu’il est le plus court (26 ans).» (Nature.com)
5 Sep 2023
Dans une interview donné à la RTS, le prix Nobel de physique 2019 Didier Queloz revient sur son parcours et sur les défis rencontrés par la science aujourd’hui.
Le scientifique a remarqué «une certaine méfiance d’une partie de la population envers la science» pendant la pandémie de Covid-19 et il pense que cela démontre «la difficulté de communiquer le savoir de manière générale. […] Donc [il] pense qu’en tant que scientifique, on doit vraiment se demander comment on peut améliorer cette communication.»
Animé par une curiosité insatiable, «Didier Queloz sait qu’il ne verra jamais la fin de son projet, mais «ça fait partie du jeu».» Il serait «frustré» s’il obtenait immédiatement les réponses à toutes ses questions.
Produit du système éducatif suisse, il salue sa «capacité d’innovation extraordinaire.» Il pense que l’argent mis dans l’éducation est bien investi et que «la Suisse prend beaucoup de soin à mettre l’argent qu’il faut dans un système éducatif qui se veut large et ouvert à tous.» Néanmoins, il s’inquiète quant à la sortie du pays du programme Horizon. «On a une industrie extraordinaire, on a un système éducatif extraordinaire, mais on est tout petit.» Il pense que les effets négatifs risquent de se faire sentir sur le long terme.
30 Août 2023
Francesca Gino, professeure à la Harvard Business School qui avait été dénoncée en juin par le collectif Data Colada pour falsification des données de recherche, poursuit ses accusateurs en justice. Elle attaque à la fois son université, le doyen Srikant Datar et les trois scientifiques du collectif pour «[…] diffamation à l’encontre de toutes les parties, rupture de contrat, mauvaise foi et discrimination fondée sur son sexe». De plus, elle exige 25 millions de dédommagements pour «perte de revenus, atteinte à la réputation et détresse émotionnelle.» (The Washington Post)
En juin, la chercheuse avait été mise en congé sans solde par la direction pour une durée de deux ans et n’avait plus le droit d’entrer sur le campus. Son avocat et elle-même remettent en cause l’enquête menée par l’université, qui avait conclu à une mauvaise conduite dans la recherche.
La loi SLAPP (strategic lawsuit against public participation) «permettant de se désengager rapidement d’un procès si celui-ci porte atteinte à votre liberté d’expression» n’est pas assez forte dans l’Etat du Massachussetts. Le procès ne pourra donc pas être évité ou écourté, comme il le fut en Californie, lorsque le chercheur Mark Jacobson avait tenté de poursuivre un journal qui avait critiqué son travail ─et qu’il avait perdu.
Ce genre de procès décourage les scientifiques qui pointent les erreurs et les mauvaises pratiques. En général, ils préfèrent se tourner vers PubPeer, un site web où il est possible de publier anonymement des commentaires sur des articles. Les trois scientifiques du collectif ont quant à eux ouverts un crowdfunding sur internet pour obtenir suffisamment d’argent pour payer une partie des frais de justice. Ils ont déjà récolté la somme nécessaire. (Vox.com)
21 Août 2023
Un sondage effectué auprès de 9’200 chercheur∙ses par le magazine Nature révèle que 46% des personnes interrogées ont rejoint une autre plateforme. Plus de la moitié des sondé∙es ont réduit leur temps d’utilisation et 7% des gens interrogés ont cessé complètement de l’utiliser.
Une augmentation de la diffusion de fake news a été observée depuis la reprise du média social par l’entrepreneur Elon Musk. Les scientifiques remarquent de plus en plus de commentaires haineux, postés par des trolls, ainsi qu’un déni flagrant de la science (science denialism) par des personnes d’extrême droite. La cause est liée au fait que le fameux vu bleu (blue-check), permettant de vérifier l’authenticité d’un compte, est maintenant payant et n’est plus fiable. Certain∙es fuient la plateforme de peur de voir leur nom y être associé et que leur crédibilité ne soit mise en cause.
Les chercheur∙euses déçu∙es migrent vers d’autres plateformes, telles que Mastodon, LinkedIn et Instagram. Cette fragmentation de la communauté scientifique limite beaucoup la portée de diffusion des travaux.
17 Août 2023
«[L]a voie traditionnelle de diffusion des nouvelles connaissances scientifiques est très longue». En effet les chercheur·es doivent passer par le processus de peer review, pour que «l’étude reçoive un label de qualité», où des «experts externes vérifient et découvrent des erreurs. L’équipe retravaille alors son article. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il est publié dans la revue spécialisée, désormais consultable par tous».
Néanmoins, lors de la pandémie du COVID-19 la «tendance à publier des données le plus rapidement possible et sans vérification externe» était justifiée par la «pression temporelle d’une pandémie». Aujourd’hui cette «pression» est dépassée, mais «la pratique de la présentation de données sans peer review a pris de l’ampleur, notamment dans le domaine biomédical», mais aussi dans le domaine de l’intelligence artificielle, puisque «ni les chercheurs ni la société ne veulent attendre des mois que les nouvelles connaissances soient soumises au contrôle technique». Cette pratique devient dangereuse du moment où «des études doivent être corrigées et des conclusions modifiées en public avec une belle régularité», en amenant «le public [à perdre] confiance dans la science dans son ensemble.Et aussi dans ceux qui diffusent ces messages avec empressement».
17 Août 2023
En partenariat avec l’Etat et la Chambre vaudoise du commerce, l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne accueillera un Salon MINT, dédié aux mathématiques, à l’informatique, aux sciences naturelles et à la technique afin de «valoriser ces branches». Le conseiller d’Etat vaudois du Département de l’enseignement et de la formation Frédéric Borloz s’explique : «[n]ous comptons intensifier nos efforts dans ce domaine et susciter un enthousiasme très fort auprès des élèves situés entre la 5e et la 8e année de l’école obligatoire». En effet, «[l]’État cherche de longue date à valoriser les branches MINT via différents projets – notamment un programme d’ambassadrices. »
Lieu et date de la première édition de ce salon : SwissTech Convention Center de l’EPFL, du 26 février au 3 mars 2024
27 Juil 2023
À la suite des accusations portées contre la professeure d’Harvard Francesca Gino, qui aurait modifié des résultats d’études afin de les faire correspondre à ce qu’elle souhaitait démontrer, Mathias Binswanger souligne dans un article de la NZZ les failles des sciences comportementales. Professeur d’économie politique à la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse, il explique que cette branche est plus vulnérable aux fraudes. Selon lui, trois facteurs sont en cause :
«Premièrement, les expériences donnent l’illusion d’une exactitude empirique qui ressemble à celle des sciences naturelles. […] Deuxièmement, les expériences en sciences sociales ne sont pratiquement jamais répliquées par d’autres chercheurs, car cela coûte cher et n’est pas intéressant. […] Troisièmement, les expériences permettent des mises en place arbitraires (appelées designs de recherche raffinés) qui permettent d’obtenir les résultats souhaités.»
Mathias Binswanger cite en exemple un étude de masse faite en 2015 par Brian Nosek, psychologue. «Sur 100 études publiées en 2008 dans trois revues en psychologie, seules 39 ont pu être confirmées.» Sa conclusion : «On peut tout simplement oublier la majeure partie de la recherche en psychologie. Certes, dans la plupart des cas, on ne triche pas de manière évidente comme dans le cas de Francesca Gino. Mais on ‘expérimente’ jusqu’à ce que l’on obtienne les résultats souhaités. C’est de la recherche bullshit.»
30 Juin 2023
Le Conseil National pour l’Education (NCERT) supprime la théorie de l’évolution de Darwin, le tableau périodique des éléments et le théorème de Pythagore de manuels destinés aux jeunes entre 14 et 15 ans pour «alléger la charge de travail.» Selon le NCERT, cela ne concerne que la volée de 2023-2024, mais l’auteur d’un article dans le 24 Heures remet leurs propos en doute. «La mesure reflète l’idéologie du gouvernement fondamentaliste du [Bharatiya Janata Party]» écrit-il.
«La théorie de Darwin est scientifiquement fausse» déclarait en effet Satya Pal Singh en 2018, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur. «Aucun de nos ancêtres n’a dit ou écrit avoir vu un singe se changer en homme.»
7 Sep 2022
Pendant la pandémie de coronavirus, le Fonds national suisse (FNS) a engagé plus de 45 millions de francs suisses en faveur de 114 projets de recherche sur le Covid-19. Il tire un bilan des recherches financées.
12 Août 2022
«L’histoire fait scandale. Un doctorant suédois de l’Université de Manchester a publié au mois d’avril 2022 un article qui cause quelques émois. Son auteur travaille sur l’expérience de lecteurs de mangas «shota», un sous-genre dédié à la représentation érotique ou pornographiques de petits garçons. Au motif de mieux appréhender son sujet d’étude, il a lui-même passé trois mois à se masturber en lisant des shota amateurs, avant de publier le compte-rendu de ses tribulations solitaires dans la revue Qualitative Research. […] L’épisode interroge une nouvelle fois sur le processus d’édition scientifique, censé garantir qu’une recherche a été menée avec diligence et dans le respect des standards éthiques.»
14 Juin 2022
Le baron deben John Selwyn Gummer, ancien membre du cabinet de Margaret Thatcher, qui est depuis 2012 président du Comité britannique sur le changement climatique (CCC), a adressé une lettre à la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga (PS) et la présidente du Conseil national Irène Kälin (Vert-e-s). L’affaire concerne la suppression de l’organe consultatif sur les changements climatiques (OcCC), par la conseillère fédérale l’année dernière.
Une motion du Conseiller aux États Othmar Reichmut (Centre), soutenu par des milieux économiques, demande la création d’une nouvelle commission d’experts. Le Conseil des Etats a soutenu cette motion en février, contre le gré de Simonetta Sommaruga. Le Conseil national votera sur cette motion la semaine prochaine.
John Selwyn Gunner dit qu’il a bien collaboré avec l’OcCC et indique que sa suppression est plutôt en contrecourant par rapport à d’autres pays. En tant qu’ancien ministre, il est convaincu qu’un organe consultatif indépendant du point de vue statutaire (comme le CCC), aide les gouvernements à mener une politique meilleure et plus efficace, d’autant plus que si son mandat concerne l’ensemble du gouvernement, et non seulement le ministère du Climat. Cette idée d’un groupe de réflexion de scientifiques multidisciplinaires avait déjà été avancée par Thomas Stocker en automne 2021 (NZZ am Sonntag).
Mais Simonetta Sommaruga a décidé autrement, en signant un contrat sur deux ans avec la plateforme Proclim de l’académie des sciences naturelles.
Reto Knutti, professeur pour la physique du climat à l’EPFZ, regrette cette décision «insuffisante»: la plateforme serait «sans visage» et «n’a pas la valeur, la la visibilité et le caractère obligatoire d’un organe doté d’un mandat et d’une mission claire de communication.» Il estime par ailleurs qu’il y a une fossé qui s’est creusé entre politique et sciences.
30 Mai 2022
«En théorie, les connaissances scientifiques doivent servir la décision politique. Mais dans la pratique, les relations entre les chercheurs et les décideurs sont parfois houleuses. Ce que sont venues rappeler la pandémie de Covid-19, bien sûr, mais aussi les crises du climat et de la biodiversité. Comment pacifier les relations, et s’assurer que la courroie de transmission des savoirs soit la plus efficace possible en cas de crise? L’Académie des sciences naturelles (Scnat) revenait, avec un panel d’experts de haut niveau, sur les clés d’une collaboration réussie entre le système politique suisse et ses experts scientifiques à l’occasion d’un événement organisé fin mai.»
24 Fév 2022
Un récent article souligne les dangers du scientisme. «Ce qui, à première vue, peut ressembler à un attachement certes excessif, mais inoffensif, peut tout à fait nuire à la société.» La philosophe Susan Haack voit l’un des problèmes de ce mode de pensée dans « l’incapacité ou la réticence à percevoir la faillibilité, les limites et les dangers potentiels de la science ».
L’auteur de l’article de la NZZ observe depuis deux ans une escalade du camp des scientistes avec des personnes à la mentalité anti-sciences. «Les voix modérées ont de plus en plus de mal à se faire entendre dans ce genre de discussions. Ces deux camps auraient en commun qu’ils comprennent mal le caractère et les limites de la science. […] Les performances authentiques des sciences humaines et sociales, par exemple, ne peuvent pas être obtenues par des moyens scientifiques – sans parler des performances artistiques.»
24 Jan 2022
Dans la chronique d’invité de la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), le professeur d’histoire Caspar Hirschi se penche sur la division quotidiennement faite entre ami·e·s et ennemi·e·s de la science et relève son caractère absurde. Selon le professeur de l’Université de Saint-Gall (HSG), il n’est pas possible et surtout pas souhaitable de se positionner pour ou contre la science, car cette dernière englobe tous les phénomènes mondiaux. Plutôt, il faut garder un regard critique sur la position de la science dans la crise climatique.
Le fait que les personnes soient plus que jamais divisées en «ami·e·s et en ennemi·e·s» de la science est lié aux distorsions idéologiques autour du changement climatique, argumente-t-il. «Il y a là une ironie particulière, car le réchauffement climatique est un cas d’école de la manière dont la science doit être considérée de tous les côtés d’un problème. Aussi indispensable qu’elle soit pour surmonter la crise climatique, elle a été à l’origine de sa création. Sans ses connaissances, il n’y aurait pas de moteurs de combustion, [etc.].». Pour Caspar Hirschi, le rôle de la science pour le monde actuel consiste essentiellement à trouver des solutions qu’elle a elle-même créées.
21 Déc 2021
Markus Müller, Professeur en droit public à l’Université de Berne et co-initiant de l’Appel international pour la préservation de l’indépendance scientifique , aussi appelé «Zürcher Appell» (2013), estime qu’une recherche indépendante est le meilleur moyen pour se protéger contre les fake news, théories du complot, fraudes, mensonges et manque de respect envers des scientifiques qui peuvent gagner de l’importance en temps de crise. A son avis, la «force protectrice» d’un contrat qui assure l’indépendance de la recherche ne suffit pas: «Le problème principal est l’influence subtile et indirecte sur l’inconscience des chercheuses et chercheurs. Le grand public y est très sensible. Pour lui, la simple apparence de la dépendance suffit pour douter sérieusement de la crédibilité de l’institution de recherche. […] Si on veut une science qui persiste aussi en temps de crise, on doit en prendre soin en amont.»
20 Déc 2021
Le sociologue allemand Alexander Bogner met en question la positon forte de la science pendant la pandémie.
Il questionne notamment le fait que les chefs d’état en Allemagne et Grande-Bretagne se sont souvent présenté à coté de scientifiques quand ils ont présenté leurs décisions concernant la pandémie. Cela donnerait l’impression que les scientifiues se sont accaparés des scientifiques. «Une politique qui suit entièrement la sciences casse la démocratie.»
2 Déc 2021
«La crise sanitaire a mis en lumière le fossé entre la communauté scientifique et le grand public. A l’heure des théories du complot et de la méfiance à l’égard des progrès technologiques, il est plus que nécessaire de bâtir une société de la connaissance.»
Le Monde présente, entre autres, l’Espace Mendès France, qui, dans la lignée de sa démarche d’éducation populaire, «expérimente des ateliers pour apporter la science au plus près du terrain» et un programme de dialogue entre chercheur-e-s et lycéen-ne-s (le Pacte mondial des jeunes pour le climat). Dans un article, Véronique Kleiner, médiatrice scientifique, parle de sa stratégie pour atteindre un public d’agriculteurs-rices ou de familles du cru pour des événements de médiation scientifique: «Nous faisons de la science sans en avoir l’air.»