Selon l’Office fédéral de la statistique, la part de dépenses pour la recherche investie dans les instituts privés n’a fait qu’augmenter ces dernières années en Suisse. Elle permet la production d’études de haut niveau défiant ainsi la suprématie des universités. La part de financement de la recherche par l’Etat est actuellement de 27% en Suisse, contre 66% par les entreprises privées. La moyenne européenne se situe à 30% de financement par l’Etat et 57% par le secteur privé.
En 2024, la Fondation Botnar avait notamment annoncé le don d’un milliard de francs sur 15 ans dans l’Institut (privé) de médecine pédiatrique à Bâle. C’est autant d’argent dont dispose l’ensemble de l’EPFZ en six mois.
Un des avantages principaux de la recherche en institut privé est que toutes les ressources de l’institut peuvent être concentrées sur un seul projet, au contraire des universités où la recherche doit rester large en couvrant un domaine plus vaste. Un inconvénient réside cependant dans la plus grande possibilité d’influence pour les investisseur·euses dans le choix des priorités de la recherche.
Le Fonds national suisse (FNS) estime que cette évolution est positive et que «la recherche financée par le public et le privé est nécessaire pour que la Suisse puisse être compétitive au niveau international.» L’organisme s’inquiète néanmoins qu’en raison de la situation financière actuelle difficile de l’Etat, ce dernier ne décide de réaliser des économies dans le domaine de la science. En effet, le rapport des expert·es dirigé par Serge Gaillard proposait de réduire de 10% le budget du FNS financé par la Confédération, ce qui engendrerait une augmentation de la part de financement privé, rapprochant un peu plus la Suisse d’un environnement de recherche tel qu’il est aujourd’hui aux Etats-Unis ou au Japon.
«A condition de garantir une gouvernance propre, la qualité de la recherche et une publication transparente des résultats, les instituts financés par le secteur privé sont bons pour l’activité académique», s’exprime le philosophe René Scheu, directeur de l’Institut de politique économique suisse, financé par le secteur privé.
A noter que le succès des instituts privés en Suisse ne serait pas possible «sans les conditions sociales, juridiques et éducatives des universités publiques», seules responsables de la formation des nouveaux·elles chercheur·euses. Finalement, de nombreux instituts de recherches privés collaborent actuellement avec des universités dans leurs recherches, mais aussi pour leurs financements.