Au terme d’un recrutement mouvementé, le gouvernement doit statuer ce mercredi sur la candidature du Québécois Eric Bauce. Entretemps, l’historien et professeur honoraire de l’Université de Genève Michel Porret et l’écrivain Metin Arditi.
Michel Porret regrette que dans la culture académique en Suisse, plus précisément dans le champ des sciences humaines et sociales, il y a un «complexe»», voire une «ségrégation» internationaliste qui fait qu’à profil d’excellence comparable, les candidatures non issues de l’alma mater ont plus de crédibilité pour un poste que celle qui en est issue. «Plutôt que polémiquer sur la nationalité du futur recteur ou de la future rectrice en méjugeant l’impact du terreau socio-politique qui de facto anime l’appareil institutionnel, il conviendrait de questionner ce non-dit de la discrimination académique. Il estime que le recrutement devrait être fait «avec la règle éthique des «trois tiers» entre personnes issues des relèves internationale, suisse et «locale».»
Metin Arditi est également en faveur d’une candidature locale pour le poste de recteur-rice, la connaissance intime de l’université étant «indispensable» pour maintenir son fonctionnement en mode horizontal «fondé sur très peu de hiérarchie et une grande délégation» et pour garantir que l’université reste compétitive. Par ailleurs, il réagit à la proposition d’Eric Bauce [entendu dans le Forum du 13.01.2023] d’améliorer les conditions de travail des chercheurs, [«un salaire normal pour un nombre d’heures de travail normal, aussi»]. L’écrivain n’est pas d’accord avec cette proposition: «En matière de recherche, la concurrence est mondiale. Elle est aussi féroce. Un projet universitaire fondé sur la pérennisation des postes de recherche est, dès lors, voué à faire dégringoler l’institution dans les classements.»
Luc Otten, médecin et biologiste, estime qu’à trois ans de la retraite, et sans connaître les raisons pourquoi il n’a pas accédé au poste de recteur à l’Université de Laval lors de ses tentatives en 2017 et et 2022, «il est très difficile de penser qu’Eric Bauce pourra porter un projet d’avenir et de transition socio-écologique», «un projet fédérateur et porteur d’avenir».