Un tiers des suisses n’a pas suivi de formation continue ces cinq dernières années, 50% n’en a pas fait ces 12 derniers mois. Dominique Choffat de la RTS développe :
«Si on regarde les personnes qui n’ont pas suivi de formation depuis 5 ans elles sont bien plus nombreuses à avoir un faible niveau de formation initial ou à ne pas être en emploi, c’est ce qui ressort d’une enquête menée en 2021 par l’OFS. Notre pays est pourtant fier de son niveau de formation mais la raison la plus souvent évoquée c’est qu’elles ne ressentent pas le besoin de le faire, sans doute parce que personne ne l’a fait remarquer, parce que c’est aussi difficile d’accepter nos propres lacunes. Les autres freins ce sont les contraintes familiales, le manque de temps et les coûts jugés trop élevés surtout pour les personnes sans emploi.
Ces chiffres alarment le syndicat travail Suisse. […] On vit une période particulière : certaines entreprises sont en train de licencier d’autres font face à un manque de personnel qualifié. Plus de 40’000 places vacantes ont été annoncées selon le SECO mais les compétences disponibles ne correspondent pas forcément à celles qui sont recherchées et c’est l’un des objectifs de la formation continue de réintégrer certaines personnes sur le marché du travail, mais c’est aussi utile pour prendre du galon, pour changer d’emploi ou simplement pour entretenir nos connaissances. Nos métiers évoluent […]. Tout le monde ne doit pas devenir un spécialiste en cybersécurité ou en intelligence artificielle mais il nous faut apprendre à intégrer de nouveaux outils technologiques. Les entreprises n’ont pas réagi quand ChatGPT a émergé. Aujourd’hui les cours ne désemplissent plus. […] c’est une garantie d’efficacité ? Tout dépend du type de formation continue que vous allez entreprendre si c’est une démarche pour progresser hiérarchiquement ou plutôt une formation continue liée à votre métier. Dans les banques par exemple certaines fonctions exigent une certification obligatoire, mais oui, il existe des effets positifs. Deux groupes de personnes ont été observés sur plusieurs années, l’un a suivi un cours de formation continue en 2015, l’autre pas. Le salaire du premier a augmenté en moyenne de 5% de plus dans les années qui ont suivi par rapport à l’autre et le risque de se retrouver au chômage a baissé de 2,5%. C’est un rapport publié l’année passée par le Centre Suisse de coordination pour la recherche en éducation qui l’indique. […] Notre système de formation continue repose beaucoup sur nos épaules, à nous les employé-es, et c’est décourageant. Pour un tiers d’entre nous on se décide souvent à se former pour les mauvaises raisons (quand on sent venir à danger), pas forcément par motivation, et de nombreuses entreprises n’ont pas encore développé une vraie culture du feedback avec un entretien annuel, un retour sur nos compétences, des formations à la clé. Nos chefs auraient peut-être aussi, eux, besoin d’une formation continue.»