Le journaliste auteur de cet article, Hannes Grassegger, a été le premier journaliste occidental de rencontrer de l’a fondatrice de la plateforme illégale Sci-Hub, Alexandra Elbakyan. Cette plateforme donne l’accès gratuit et facile à presque 90 millions d’articles scientifiques, ce qui revient à environs 80% des publications scientifiques de tout le temps. Les maisons d’éditions lui reprochent d’avoir volé ces articles, mais Alexandra Elbyakan estime que les vrais voleurs sont les personnes qui empêchent l’humanité à accéder à la science. Elle considère l’information scientifique comme un bien commun.
Selon les recherches de l’auteur, les trois grands maisons éditions (Elsevier, Springer et Wiley) possèdent 55,2 % du marché global de publications scientifiques. «Un contrôle du marché aussi important par un si petit nombre d’entreprises s’appelle un oligopole. Cela ressemble à une théorie du complot, mais c’est vrai : la plus grande partie des droits d’auteur de tous les résultats de la recherche scientifique se trouve entre les mains de quelques entreprises.» Cet oligopole s’est développé depuis plusieurs décennies, se partageant le marché et augmentant continuellement les prix. Ces augmentent de cinq pour cent par an, estime Rudolf Mumenthaler, directeur de la de la bibliothèque universitaire de Zurich. Pour les grandes maisons d’édition, ce chiffre est parfois encore plus élevé.
Le président de l’EPFL Martin Vetterli qualifie le modèle économique des éditeurs scientifiques d’«un scandale». «En fait, il s’agit d’un scandale multiple, car l’opinion publique est écrémée trois fois de suite au profit des éditeurs.» De plus, «Les maisons d’édition comme Elsevier obligent les universités à conclure des accords secrets» . Ils exigent que les conditions restent secrètes, ce qui est à son tour contraire aux lois et aux prescriptions en matière de marchés publics : «Les éditeurs obligent les universités à enfreindre la loi».