Selon un récent article dans Germanistik heute, rédigé par le spécialiste du domaine (germanistique) Andreas Pfister, le nombre de diplômé-es Master dans ce domaine a chuté de 47% depuis 2000 en Suisse. Cette tendance est également visible dans d’autres pays germanophones, certaines universités américaines et britanniques ont même fermé la filière.
Parallèlement, le nombre d’étudiant-es en sciences humaines et lettres («Geisteswissenchaften») a baissé, en 2004 un tiers des étudiant-es suivaient cette voie, aujourd’hui c’est un quart.
La formation approfondie en allemand, autrefois populaire, est aujourd’hui négligée au profit de cursus qui leur apporteraient plus de stabilité financière, estime Markus Diem, 61 ans, diplômé en psychologie et chef du service de l’orientation de l’Université de Bâle.
Angelika Linke, Professeure émérite en germanistique de l’Université de Zurich, s’explique le phénomène avec l’idée que l’autoformation vers un être humain intellectuel n’est plus aussi attractif que la promesse de connaissances directement exploitables sur le plan économique.
Thomas Grob, vice-recteur de l’Université de Bâle, estime que le domaine doit prouver plus sa pertinence dans les questions de société. «Les études de langues et littératures peuvent faire tout cela, mais ce cela ne correspond plus leur à leur image.» Il estime qu’une offensive pour la langue allemande est nécessaire, en parallèle à l’offensive pour les sujets MINT, regrettant un niveau d’allemand qui s’affaiblisse.
Fritz Sager, vice-recteur en charge de l’enseignement à l’Université de Berne, considère que les sciences humaines, et en particulier les études germaniques, sont «sous la pression de la modernisation de la société et de la recherche». Les universités obéissent encore trop à la «structure d’organisation classique en disciplines» : «Nous sommes ainsi en retard sur l’évolution de la société. Nous devons nous éloigner de cette conception des disciplines et trouver de nouvelles formes d’études qui répondent aux défis de la société plutôt qu’aux seules disciplines ».