Eduard Kaeser, physicien et docteur en philosophie, aborde la relation entre l’être humain et la technologie. En particulier il se penche sur la question de l’écriture et de sa transformation avec l’émergence de l’outil ChatGPT.
L’auteur explore la question à travers la position qu’avait Platon sur l’écriture: «Platon, on le sait, n’avait pas une grande estime pour la parole écrite. L’écriture ne parle pas en retour […]. L’écriture «ne donne aux élèves […] que l’apparence de la sagesse, pas la vérité elle-même. Ils entendent […] beaucoup de choses sans véritable enseignement et pensent maintenant être devenus très savants, alors qu’ils sont le plus souvent ignorants et en outre difficiles à traiter, parce qu’ils se croient sages au lieu de l’être […]».» Cette critique est élargie aux générateurs de textes tels que ChatGPT, qui fournissent également «l’apparence de la sagesse […] sans véritable enseignement».
Selon l’auteur, «[u]n monde post-littéraire s’ouvre à nous, dans lequel la maîtrise de l’écriture, technique culturelle vénérable, semble perdre de son importance». Ainsi, la position de Platon, selon lequel «le dialogue est la forme d’expression la plus élevée», est réaffirmée et l’auteur indique que «la véritable performance ne réside pas dans l’écriture, mais dans la lecture [et l’interprétation]». L’auteur propose ainsi qu’une des missions de l’éducation soit davantage axée sur l’interprétation des textes plutôt que sur leur production. Selon Monsieur Kaeser, il faut donc repenser la relation avec la technologie et l’écriture dans le contexte actuel de l’éducation, en valorisant les leçons de Platon sur l’importance du dialogue.