D’ici 2049 – date du centenaire de la République populaire de Chine – le président Xi Jinping veut faire de la Chine une puissance technologique, économique et militaire mondiale. Pour ce faire, Xi a fait avancer ce qu’il appelle la fusion militaro-civile : L’armée chinoise, les universités et les entreprises technologiques doivent collaborer étroitement en échangeant des connaissances et des technologies. La Chine a également besoin de l’échange de recherche avec l’étranger. Depuis 2007, l’armée chinoise gère un programme spécifique visant à acquérir des connaissances et des technologies occidentales.
Une enquête menée par onze médias européens sous la direction de la plateforme d’investigation Follow the Money montre à quel point les universités européennes sont liées aux institutions militaires chinoises. Près de 3000 projets de recherche ont vu le jour depuis le début du millénaire en collaboration avec des chercheurs militaires chinois.
Les services secrets et les groupes de réflexion européens appellent à la prudence depuis des années. En Suisse, le service de renseignement soulignait encore en 2016 surtout le risque d’espionnage économique. Aujourd’hui, il met explicitement en garde les scientifiques contre les activités d’espionnage de la Chine. De nombreuses coopérations de recherche ne semblent pas problématiques au premier abord, mais il ne faut pas être naïf, disent les experts. «La Chine exploite de manière ciblée la liberté de recherche et l’ouverture d’esprit en Occident», déclare la scientifique et journaliste Didi Kirsten Tatlow.
Cet article est la première partie d’une enquête de la NZZ. La deuxième partie mettra le point fort sur les pratiques des Hautes écoles universitaires de Suisse.