Kurt Schmidheini, professeur en économie à l’Université de Bâle, regrette que beaucoup de données étatiques ne soient pas accessibles pour la science, comme par exemple les données sur les impôt. Ce type de données pourraient fournir des informations sur les perspectives d’avancements économiques de la population, mais également sur l’impact d’un changement de loi.
Selon l’expert, il y a une demande pour une politique basée sur un «vrai savoir», des preuves. «Nous devrions savoir en avance quelles conséquences auront les décisions.» La Suisse aurait commencé ces dernières années à faire des estimations financières sur l’impact des changements de loi, mais en ce moment, ces analyses sont faites par des expert-e-s internes à l’administration. «Pour les chercheur-e-s ou citoyen-ne-s il est impossible de savoir si ces informations sont cohérentes.» Il y a déjà eu une telle erreur dans une étude en 2016 concernant la discrimination fiscale des couples mariés, qui aurait eu comme conséquence la décision de refaire le vote.
«La Suisse a peu de données organisées de façon centralisée, et aussi peu de tradition pour utiliser les données pour la politique. Cela est probablement dû à une attitude plus critique envers l’État par rapport à d’autres pays, par exemple par rapport aux pays scandinaves. En Suisse, nous pensons que l’État ne doit pas avoir trop de pouvoir. Et les données c’est aussi du pouvoir.» Il évoque également la question de la protection des données de recherche. «Une structure de données bien protégés serait généralement un bon avantage pour la place de la recherche empirique en Suisse.»
Par ailleurs, la pandémie aurait montré qu’il est important de fournir l’accès aux données pour que les citoyen-ne-s puissent accepter les recommandations des épidémiologistes.