Irna van der Molen, Conseillère politique senior pour la sécurité des connaissances et le contrôle des exportations à l’université de Twente, «exhorte à poursuivre et à élargir le dialogue ouvert entre les universités et les autorités afin d’anticiper et d’atténuer les éventuels effets secondaires des mesures de sécurité» qui entrent de plus en plus souvent en vigueur.
«Il y a tout juste huit ans […], [l]e caractère collaboratif, international et ouvert de la science et de l’innovation a été présenté comme un instrument pour le développement de nouvelles idées et des investissements durables dans l’avenir de l’Europe». Néanmoins, au vu des derniers événements, à partir du COVID-19 jusqu’à la question du Moyen-Orient, «la pression croissante exercée […] par les gouvernements occidentaux pour renforcer la sécurité de la recherche n’a pas manqué d’affecter la science et les universités […]. Face à ces défis mondiaux, l’UE est passée d’une triple ouverture à une «ouverture équilibrée» en adoptant le mantra «aussi ouverte que possible, aussi fermée que nécessaire».»
Cela a certainement des effets «sur les partenariats internationaux, sur l’accès des scientifiques des pays à haut risque à travailler sur des technologies sensibles dans l’université de leur choix, mais surtout sur la prise de conscience parmi les universités que les temps ont changé et que l’ouverture n’est plus aussi absolue». En effet, «[l]es autorités réclament régulièrement davantage de restrictions», et «les universités sont confrontées à l’interprétation, l’opérationnalisation et à la mise en œuvre de cet équilibre dans leur fonctionnement quotidien». En plus, les universités «ne sont pas sourdes» face à l’opinion publique et au débat public, et certaines sont confrontées à une perte de confiance «en raison des rythmes et des choix différents qu’elles font en matière de sécurité des connaissances».
La récente stratégie de sécurité économique de l’Europe proposant «d’améliorer la sécurité de la recherche en garantissant une application systématique et rigoureuse des instruments existants et en identifiant et en comblant les lacunes qui subsistent […]» préoccupe certaines personnes du milieu scientifique et académique: «une telle approche, sous prétexte de sécurité, les limitera de plus en plus dans leurs choix académiques et scientifiques, dans leurs choix d’admission et de recrutement, sur ce qu’ils publient ou ne publient pas».