Une dizaine d’universités et de hautes écoles suisses bénéficient actuellement de subventions du gouvernement américain pour un total de 56,4 millions de dollars. Au total, durant ces dix dernières années, ce sont 136,7 millions de dollars qui ont subventionné une quinzaine d’établissements suisses. Cet argent représente moins de 2% du financement des universités helvétiques. En effet, à titre de comparaison, le Fonds National Suisse a versé un total de 6,38 milliards de francs aux universités cantonales et 2,77 milliards au domaine des EPF entre 2014 et 2024. Toutefois, dans un contexte de mise sous pression des subventions helvétiques pour les domaines de la recherche et de la formation, les subventions américaines ne sont pas négligeables, en particulier dans la stratégie de diversification des sources de financement.
Les plus grands bénéficiaires des subventions américaines sont l’Université de Berne pour la recherche spatiale, l’EPFL qui a reçu des fonds majoritairement issus du Département de la défense, et l’Université de Zurich pour la recherche médicale.
Actuellement, les universités suisses sont dans l’incertitude quant à la stabilité de ces subventions. Une veille été mise en place à l’Université de Genève dans le but d’identifier l’éventuel impact de mesures américaines. En plus de fonds perdus, le domaine de la recherche suisse craint également une perte de liens stratégiques et d’échanges scientifiques entre la Suisse et les Etats-Unis.
«Au vu de la situation actuelle, un investissement fort et durable dans la recherche et l’innovation de la part de la Confédération — tant au niveau national qu’en faveur de la coopération de recherche avec l’Europe — est décisif», appelle le service de presse de l’université de Zurich. Invitée dans Forum, Estelle Revaz, conseillère nationale (PS/GE), invite également la Suisse à investir dans la recherche, la formation et l’innovation, afin de pouvoir se créer «une certaine indépendance par rapport aux Etats-Unis et à la Chine». «Malheureusement elle n’en prend pas du tout le chemin avec le dernier programme d’économies», déplore-t-elle. Elle invite également la Confédération à poursuivre des collaborations internationales avec l’Union européenne, puisque devenues «difficiles» avec les Etats-Unis. Elle ajoute que la politique de Trump envers les université est «un problème symbolique et éthique» qui «ne doit pas nous contaminer».