Le professeur en sociologie et philosophie politique Andreas Widmer regrette que le fait que dans les universités américaines de pointe, il y a un débat trop intense sur l’égalité sous l’aspect de race et genre, et, en conséquence, pas assez de débat sur l’inégalité économique. Il avance que pendant les dernières 20 années, les universités américaines se sont politisées et«de plus en plus, des questions qui relèvent en fait de la politiques sont traités par la science. […] Les déclarations des femmes ou des non-blancs, appelés en Amérique «People of Color», ont aujourd’hui un poids moral plus important dans ce contexte. Et l’écho de la science dans le public est de plus en plus important. On s’attend à ce que les résultats des recherches contribuent à ce que les forces progressistes de gauche du bien l’emportent sur les forces du mal, les populistes de droite. […] [Mais] [s]i l’on veut étudier les inégalités dans la société américaine, le critère le plus important reste l’appartenance à une couche sociale, c’est-à-dire à une classe, et non à une race ou à un genre.» Les trente années passées, les inégalités dans la société auraient massivement augmenté, et «cette stagnation, voire la régression sociale de groupes entiers de la population, est aussi une des raisons du succès des populistes de droite. […] Au moment où Amazon, par exemple, sponsorise à coups de millions de dollars un institut pour la « justice raciale », mais réprime résolument les mouvements syndicaux naissants, on peut se demander s’il y a un lien entre les deux. Ce sont en effet les élites qui profitent de l’augmentation des inégalités. Il leur est utile d’attirer l’attention du public sur les thèmes de l’orientation sexuelle, du genre et de la couleur de peau plutôt que sur la concentration du pouvoir.»
8 Mar 2024